mardi 15 juin 2010

"Slam your door in a golden silence !"


Étranges sensations. On s'en rend compte soudain. Mais ? Un son dans le coin, une trace de hors champ, l'absurde au rang de quotidien. Le décalage et le déséquilibre comme source d'invention.
Et cette mélodie qui reste en tête, l'image d'un restaurant en début de vrille à l'heure du grand jeu. La vie en post-synchro, les postiers à l'Américaine et le restaurant qui finit finalement mal, "Robert vous avez fait l'école hôtelière vous, non ? Ah oui, M'sieur. Bon ! alors, vite !" ; le reste dodelinant.

Décidément, il y à comme un air de facétie.... "hélicoptère !".


Le son chez Tati c'est tout un travelling de cinéma. Un personnage à part, une invention permanente de l'image, la droite qui se courbe. Une expérimentation ludique des lieux, les nouvelles frontières élastiques du temps recomposé. Une histoire dans l'histoire et un story-board de l'image à vue.


Ah mais tiens, "Pince de Crabe" et "Entrailles", aussi, seront l'occasion de tester ces apports. Ces deux créations prochaines auront en leurs cœurs le son comme matériau d'émotion.
Créer le plan indépendant, l'incongruité qui se métamorphose au fil des dévoilements visuels, la bizarrerie bruitiste remit en scène par chaque imaginaire. Une stratégie de l'espièglerie qui à tout son importance. Un chat une souris, une poésie tout un programme, un soi un eux, un chamboulé une catagenèse personnelle ; la tentative d'avancer plus loin.

Et le son comme proposition d'évasion des lieux, le son comme entité, le son comme prise de liberté, le son comme provocation à autre chose.


L'univers acoustique d'un spectacle théâtrale, une mystérieuse machinerie des sens. Mais aussi un manège où tout est possible. Immersion, opposition, violence, enveloppement, illusion, ivresse ; à la manière du choc sensoriel des couleurs de James Turrel.

"Je ne suis pas un artiste de la lumière. Je suis plutôt quelqu'un qui utilise la lumière comme matériau afin de travailler le médium de la perception
.

Notre lieu des tests.
Au delà des suggestions issues des respirations différentes (entre le textes, l'image, la dramaturgie globale ; des déploiements nécessitant des temps bien spécifiques) on pourra bien immiscer des trompe-oreille, des ruptures, des sensations souterraines par l'élément physique sonore. Le pari fascinant et enthousiasmant. Une étude esthétique également. Un détournement de la vue et des grilles de lectures.

Et voir par exemple si la permanence rétinien trouve son pendant dans l'oreille...


Toujours est-il que ce Son, cet élément physique omniprésent (Cage avait bien cherché le "silence", 4'33 vient de là), bien qu'au centre de tout présent, est souvent instrumentalisé, réduit, décomposé, finalisé et finalement domestiqué pour n'être plus qu'une tapisserie de fond, un décor mobile, un plan en 2D.

L'enjeu est donc bien - dans le spectacle théâtrale tout autant et surtout - de lui redonner son autonomie, sa force, son incroyable individualité. Sans toutefois tout transformer en unique expérience sonore (bien que, en soi, une révélation de l'espace est, au loin, sans doute, encore, une manière de théâtre), le Son en spectacle est à manipuler comme un magma rempli d'abstractions, d'imaginaire, de proposition à être ici et maintenant.

"Et bien restez pas là, y a rien à voir, voyons !".
aa

ps

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