jeudi 8 juillet 2010

Tataaa.




Et voilà. L'enregistrement du "Loris Binot 5tet" est terminé. Et comme souvent, et comme prévu, et comme d'habitude ca ne s'est pas passé comme comme.



Deux jours. Quelques heures pendant lesquels il faut essayer de capturer un esprit flottant. C'est une partie de chasse au fantôme, celui d'une musique qui doit s'élever, porter le son d'un groupe. Ou est il ? Impossible de le décrire d'un mot, d'un trait, impossible de le reproduire à coup sur par une recette de jeu ou de style.


C'est tout le problème. C'est un état, un partage, un alliage entre des individus. Un supplément qui n'est pas la somme des musiciens. Le temps de studio est un temps qui n'a rien a voir avec le temps musical. Un jet, 11 minutes d'un morceau et beaucoup de pensées, pas mal de tension, de concentration, un temps diffracté, étiré. Ça se bouscule sous le capot ! Intention, précision, écoute, quête des autres, imagination, tout un paquet de questions qui ne se posent qu'en session d'enregistrement.


Le concert est un raout. Le concert c'est une fiesta musicale, un grand partage de musique. C'est une émotion vivante, directe, enlevée. L'enregistrement c'est un bunker silencieux d'où doit cependant jaillir un dé compacte de sensation. A un instant, c'est là. Ça doit être là. De suite et parfaitement. A l'entente du "ca tourne" tout doit se révéler. Pas le choix. On en a déjà parlé, c'est déjà tout réfléchi. Malgré l'attente. Malgré les loupés précédents. Malgré tout.


Alors bien sur, ce n'est que cela. Mais dans la vie d'un groupe c'est surtout cela. Enregistrer c'est la promesse de concerts, la certitude de "retours" sur la bonne ou moins bonne musique, c'est aussi pour ce même groupe le sentiment d'avancer, de construire une histoire commune et éclairée. Une dynamique. Un déploiement.


S'enfoncer dans une session d'enregistrement fait découvrir à tous ceux qui vivent sur le plateau ce qu'il a dans le ventre, ce groupe. Tient-il la route ? Où va t-il ? Et si on appuyait sur le champignon.
Parce que monter ce genre d'aventure, se jeter dans ce type d'épopée partagée, c'est piloter à vue un immense désir.
100 mètres carré où cela doit avoir lieu. C'est tout comme un Premier Rendez-vous. Un trac de futurs émotions. C'est ici, dans ce minuscule espace que la musique doit se faire. Et c'est donc là que l'on va entendre le fond de l'affaire, le noyau dur de cette formation, de ce rassemblement.


La vie quotidienne, tout de même, réserve bien des surprises. En l'emportant à bras le corps, la voici concentré de tout une vie. Enregistrer c'est pointer du doigt le reste à venir.


Bah. Dorénavant c'est fini. Hier ce fut. On s'en souviendra.
Et maintenant, et maintenant ? Reste à décrypter, analyser, voir si la musique est là (elle est là). Mixer bien sur, bien sur. Peaufiner ce qui à été et tenter d'en révéler l'essence.

Toutes ces étapes sont aussi importantes mais la découverte de l'Amérique c'était hier. Avec Michel Deltruc (batterie, objest), Loris Binot (fender, piano, électronique), Josephe Ramacci (trompettes, objets), Christophe Castel (ténor) et aa (alto). Et l'enregistrement est de Thomas Milanese.



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