La belle était nue. Après, dormeuse heureuse, laissée et lascive au hasard. Légère, légère, légère, et si belle d'elle même. Découverte. Encore tiède des brulants précédents, sans le dire elle parait si sûr d'elle. Et entière, se prélasse comme on s'enlace, les draps sertis lui chantonnent les restes d'une nuit ou d'une heure ou d'ailleurs.
Le parfum s'envole, d'avant d'après, mêlés, marqué et imperceptiblement chargé, transformé, il s'évapore doucement. Et il vibre encore. Dans l'air du matin qui s'élève aussi c'est un battement bienheureux, une douce confiance mis au monde, une certitude de ce beau présent et de ce cadeau si simple, on dirait une nuisette de délectations transparentes, un hommage de nuit le jour, une adoration sans lendemains, peut être. Et. L'amour heureux.
Il est là, lui, et il se demande - il se demande à la fenêtre mais ce n'est pas si important pour l'instant, enfin ce n'est pas si loin, même si déjà il parait ailleurs, à côté, pas loin bien sur mais en retrait - il se demande si. Elle est belle, oui mais, quand même, une chance embaumée de tristesse. C'est son regard, ses yeux à la fenêtre. Habillé et presque prêt à la quitter. Sans bruit, sans le dire - et qui sait pour aucuns lendemain. Heureux de conquête ou malheureux de cet être, son cœur balance terriblement en face de ce si bel étalage. Une débauche de souvenirs l'envahit en douceur mais surement, tendrement agrippée à sa mémoire, d'elle, de la nuit de l'heure ou d'ailleurs.
Fière et triste. Il ne garde que si peu de ce miracle de détachement, cette luxure si naturelle, une lubricité si spontanée, si directe, comment ce peut ? Mais il va partir. Juste un dernier regard à cette belle, car il y à un ailleurs, une autre peut être, un parallèle, le monde tel qu'il est, le monde furieux, le monde effréné. Oui il faut partir. Ce n'est que cette tristesse qui s'en mêle. Ah ! Il y à peu encore. C'est pourtant comme hier, mais une nuit, une heure et l'ailleurs. Elle respire, c'est prodigieux. Un frisson... un dernier frisson d'apesanteur.
La lampe reste allumé, finesse des libertinages passés, un collier reste accroché, en délicatesse, trace d'une vie déposée, un chapeau, une canne d'élégance et de la mousseline froissée et empressée. Ce qu'elle est belle tout de même. Presque un aveu, presque un rappel ; en soi, c'est tout un demain qui s'éveille.
Mais ce ne ne fut qu'une nuit, une heure ou l'ailleurs. Ce n'est pas si triste, presque une joie. Il va faire froid. Il faut partir... le souvenir en bandoulière.
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