samedi 13 novembre 2010

Ode à la douche !



Le son des douches ou l'érotisme des sons. Il faut aller voir et chanter sous l'eau de sa douche pour s'apercevoir de ce petit monde vibrionnant. En équilibre, un point, un endroit, une croisée de chemin, c'est surprenant c'est simplement étonnant. Le corps des douches est une morphologie à visiter, à parcourir, à révéler (à bécoter, à courtiser, à lécher, à chatouiller, à titiller, à enlacer à enjôler, à peloter, à choyer, à baiser à dorloter, à galocher à sucer, à embrasser). Une vibration propre à chacune et chacune avec sa propre palpitation. Une histoire de finesse, la position précise, ce n'est pas ici ou là mais bien en ce point et nulle part plus loin. 
Soudain prendre une douche et se lover dedans c'est prendre en main un petit destin, un phénomène un événement. Pas pour un long temps forcément forcément mais déjà pour un joli moment. La météo est au son, celui des secrètes et des camouflées, ces commissures du quotidien, ces recoins non explorés et la veine des idées. 
Chasse aux trésors ! La douche comme paradis redécouvert, la douche comme paradigme des acoustiques enlevées. Et de conjuguer. Mettre au diapason l'espace des voix et des corps, entre eux le pari d'une liaison, le plaisir d'un acoquinement. 

 A ce niveau de dérèglement des sens il faut quand même rappeler que ce "son des douches" n'est qu'un point à identifier - dans sa douche donc - en posant sa voix (une tenue - avec sa bouche donc). Le point est trouvé lorsque le son devient ample et démultiplié. Il peut exister plusieurs points mais c'est rare. Le phénomène rappel les cirques antiques et Romains. Le théâtre des acoustiques à porté de soi.

Et pourtant ce n'est rien, une douche. Blanc sans fond et eau sans teint. On peut n'y voir qu'un endroit des utilités, un carré, un quelque part ou juste la cale de nos ordinaires, rien de bien folichon, ou d'excitant ou de renversant ou d'époustouflant ; et mais, voilà que par un bienheureux hasard, une de ses fois sans prévoir, un retournement de situation à l'exception cachée, voilà donc que la douche, cette banale, cette sans joie, se mue en lieu des plaisirs invraisemblables, inouïs. Ah ça. Oui. Encore une cachette aux extravagances, un inattendu qui suspend le paysage et arrête les prunelles comme les feuilles. Écouter et regarder, profiter et se lover, au cœur des sensations exprimées, au sein des saints, dans ce minuscule dénouement des curiosités, le son des douches, le son partout, le son de tout un univers. 



Voilà la marotte, cela va vite devenir une obsession, la douche comme tic et  sa douche comme toc, l'endroit fantasmé, le lieu des impatiences et des libertés. Ce n'est plus rien, enfin. Tout même s'y retrouve et s'y retourne. Le son des douches c'est une caresse sur les peaux et un cocon de saveurs. Le résultat des bouches dans la douche, les conséquences d'un érotisme d'environs, un choix de regard et une manière de se poser sur la banalité et le blanc pudique transformé en épopée.
Le son déshabillé garde ses mystères, ses inavoués c'est vrai c'est un fait, mais ce son légèrement décolleté donne à sentir l'envers et le derrière des sempiternels sans horizons. 
Chaque coin de terre en paradis des immoralités ! Découvrir comme on dénude ! La pleine lumière et le cru sur une vérité qui s'abandonne, qui se laisse aller. Le son ce son, déployé, allongé, étendue qui s'accorde, ce son à savourer, à pénétrer, est une langueur d'ouïe et une lenteur inouïe, une carte du ciel ouverte, et les profondeurs et les profondeurs.

L'ode à la douche est devenu une ode à la muse, ce Son toujours inespéré.



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