Écorchée et légèrement cassée, une voix à la couleur qui en rappel d'ambre, et le miel des idées qui flottent au bout du choix des respirations et des coins chauds. On dirait un boudoir aux imaginations délaissées. Un transport abandonné à la flottaison minimum, la fumée des heures qui s'évaporent, abimées, dans cette douceur, éraillée.
Quelle vie Art Pepper* ! Quelle vie, le poivre à l'art, sans savoir, il traine ici comme une histoire, sans doute la liqueur de ce son, le stupéfiant des stupéfiants, aussi, qui s'accumule d'émotions et de survie. La bise ambroisie d'un instrument à vent, à corps, à intérieur, à souffle, modelé organique d'une idée et d'une apparition, ici, sur Terre, là, dans ce petit espace de résistance et de pureté, peut être.
Et ce sont les non-finis, les ébauches et les loupés provoqués appréciés goutés qui donnent tout l'art à la manière. La beauté mourante dans l'expiration qui s'effiloche, une suspension sans posé, et la réalité qui prend la poudre d'escampette comme un paradoxe, et le présent, l'unique présent, qui surgit.
On voudrait bien le garder, le préserver, s'y vautrer, de plaisir, de lascivité, de luxure, de bienfait et de chair, transpirer de lubriques acoustiques érotiques, oser le libertinage d'oreille, le péché et l'impudeur d'une émotion nue et enthousiaste, on voudrait bien caresser la rareté, débusquée, mais elle est déjà un peu devant, mais elle à déjà filé, comme un bas à ultra-sensation.
Le son, ce son, sur le fil du rasoir, entier sur scène, éclaté partout ailleurs. C'est souvent la même rengaine après tout. Mais, pourtant, tout est là, dans ces notes sans notes, sur cette scène, sur cette aventure de quelques minutes qui pourrait si souvent remplacer toute une vie.
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