Mercredi c'était le jour des frites. On n'y peut on n'y peut c'est comme cela. Le gout des rendez-vous, la simplicité des petits bonheurs. Mais il y avait aussi les feuilles mortes des peupliers du Paradou** qui se faufilaient dans la cour de récrée, les loupiotes multicolores d'un aïoli joyeux ou les pergolas des fêtes de fin d'années. La cour des miracles la cour des souvenirs futurs sans le savoir sans y penser. Les filles, les grandes, du CM1 de cette classe à trois niveaux et la maitresse de l'école-mairie aux yeux brillants de jolies promesses d'avenir. La mémoire madeleine des temps enfantins reste celle de mondes aussi petits qu'infinis. Tout le possible des présents sans limites se trouve ici, au détour du parfum intemporel de la boulangerie du village ou au son guetté d'une boucherie itinérante. "Bonjour !".
C'est le pays du mistral et le temps parfois des transhumances, celui des oliviers, des mimosas, des collections de silex ou de pif gadget, des peuchère*, des balades en AMI8 blanche* et du chocolat Milka enfoui dans ce pain mou du Sud.
Le temps ne devait pas couler de la même manière ou peut être n'est-ce finalement que le prisme d'un regard qui embrasse la douceur des images préservés, qui sait. Mais la fougasse*, la brioche des Rois* aux cerises confites, les treize desserts*, le patois provençal et les frites du mercredi ne pourront jamais s'effacer d'une histoire qui s'est un temps posée, là.
Et puis la lumière. La lumière propre au Sud, aiguisée et précise (tout ce beau paysage provençal ne vit que par la lumière disait l'Alphonse*), une signature qui amène à regarder différemment la garrigue, les Canadairs jaunes et rouges de Marignane* ou les Fouga Magistère* d'Istres. Arles n'était pas loin, ni Avignon, et Aureille (la Vallée des Baux, les Alpilles, le château des jeux dangereux entre douves et oubliettes)* si proche. Mais finalement, c'est Mausanne qui restera comme le lieux du marché, du Crédit Agricole et des "Mystères"* dégustés en revenant de Géant Casino.
Puis les petites histoires se réveillent un jour comme un trésor aux ors sentimentaux, une fabrique à passé qui illumine la journée, ces moments qui ont filés en tricotant ce qui va rester. Les minuscules joies ne s'évaluent pas aux prix de leur valeur mais à cette immensité fertile qui va trainer le long des jours à venir. Parfois, ce n'est que si peu, et pourtant. Joyeux paradoxe des émotions qui ne se laissent pas embobiner mais se donnent à la hauteur du regard féerique que l'on n'oubliera jamais.
Et aujourd'hui, c'est mercredi...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire