dimanche 19 juin 2011

Neiges éternelles au pays d'Oisans.

photo : Bernard Arlot


Elles reposent comme une mémoire, empilement de temps couché accumulé, blanc ombré, ribambelle de reflets embrasés par les contemplations et le plaisir, et le soleil qui les roussie, ambrées de douceur* - comme d'autres, à côté.

Au Freney d'Oisans* parfois on les voit, pourquoi pas, juste avant les 2 Alpes et peu après Bourg d'Oisans, tout près de La Grave* qui culmine et face à La Meije* qui illumine, même la nuit, comme une étendue pleine de féérie. 
On les dirait toutes droites sorties des cartes postales* craquelées, anciennes photographies aux bords crantés qui se vendent parfois encore dans les boutiques du Lac du Chambon*, à côté du barrage. Et ce sont déjà les mêmes neiges.


 photo : Bernard Arlot

On peut les approcher en tentant Les 7 Laux* perlé de ses huit lacs que l'on grimpe au "pas du montagnard", lentement, mais surement, pesamment, ou simplement en se promenant des heures durant sur le plateau d'Emparis* en écoutant le vent qui file sur les champs ras d'altitudes qui accueillent les troupeaux d'été de brebis attachées à leurs clochettes, et quelques fleurs rares, et quelques courants d'eau de ce coin des Alpes qui résiste au dessus du temps et des nuages d'en bas, grandiose.


 
 photo : Bernard Arlot


Elles ne sont pas si loin, inaccessibles de mythe peut être et pourtant de nos jours presque fréquentables par le téléphérique d'altitude qui donne à tous le frisson sans oxygène du 3200*
Une manière de les apprivoiser, et presque de les toucher bien que, on le sait, on le sent, elles sont d'un monde à part, rempli de crevasses aux fonds inconnus et aux secrets multi-millénaires, d'aventures et d'ascensions extraordinaires, de légendes de silence de vent frais et de transparences bleutées. Une géologie de glaçon à admirer.


photo : Bernard Arlot


Et le temps n'est pas comme ailleurs dans les atours de ces fils blancs qui caressent le bleu cinglant du ciel prompt à changer. Les airs figés, saisis sur les visages burinés et les maisonnettes aux tuiles d'ardoises parsèment le paysage qui les soutien. 
Tiens ! On à bien le temps quand même pour une truite décorée d'amandes Chez Rannou* ou pour penser pêcher le long de la Romanche. Sinon quoi. Souhaiter que cet hiver il n'y aura pas trop de neige au Col du Lautaret* ou au Galibier (car sinon*) et que cet été on pourra tenter le refuge de l'Aigle*, peut être.



photo : Bernard Arlot


Entre cimetière belvédère de ceux qui aime ce coin et la Mairie-école où l'on sent encore l'encre et quelques sergent-majors d'antan, c'est la rudesse des beautés d'initiés, ceux qui au fond ne projettent leurs yeux et leurs pensées qu'au delà de ces splendides immuabilitées, près des hautes atmosphères sans fins.





Alors, on en parle, on s'en rappel, on se le dit au coin d'une raclette fondue à l'ancienne et de ce pain des montagnes, salade verte et vin blanc qui fouette. 
Au chaud, à la lumière d'ampoules faiblardes, phares jaunis de passé, formica et vieux poêle à tout faire, les neiges éternelles rappellent aux gens d'ici ou de la bas que les montagnes étaient là bien avant eux. Et les étoiles, aussi, plein les yeux…

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