lundi 22 août 2011

Les histoires passagères n°1 : l'homme des heures.




Chaque jour à la même heure au même endroit et pour la même chose, il est là, au local de la rue du Passage Bleu, à Nancy.
Dans ce minuscule endroit discret et immuable, vêtu de sa blouse blanche tacheté d'huile, monsieur Lip, c'est son nom, exerce son travail, son job. Une activité tellement particulière, qu'il aime bien, et qui rend ce service dont il est fière, redonner du temps au temps de quelques hommes et de quelques femmes.

Oui, toute la journée durant, Philippe, c'est son prénom, fouille et redresse les cadrans, les mécanismes, les rubis ou les petites roues, ces satanées petites roues que ces gros doigts n'arrivent pas toujours à attraper.

C'est son travail, son job. Philippe répare les montres, et le temps cassé.

Comme toujours.

Mais hier cependant, il s'est passé quelque chose.
Autre chose. Une chose que cet homme des heures adéquates déteste.

Il était (presque) exactement 13h32 et 30 centièmes à l'horloge de référence atomique TLZ 232.2 que Philippe consulte très régulièrement pour s'assurer de la précision de son existence, quand un photographe - un de ces soi-disant "photographe" qui utilisent leurs portables sans la moindre idée de focale, d'ouverture, de champs, de colorimétrie, ou même, d'exposition, quand un de ces contrefacteur de la vérité donc, prit une photo. Et arrêta le temps.




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