samedi 17 décembre 2011

Suite 3 des électros-nanas (mais pas nanard)

C'est qui c'est qui, mais c'est Bebe et Louis Barron*, compositeurs électroacoustiques. La révolution de la musique dans la science fiction. Tout est permis tout est permis* ! Planète Interdite* ou l'invention sans limites et la première bande-son totalement laserifiée par l'électronique.

Le film entier est ici, pas longtemps.





Afin de produire et composer notre musique, nous avions conçu toute une série de circuits électroniques, inspirés par les recherches du mathématicien Norbert Wiener sur la cybernétique. Ces circuits produisaient une activité sonore infinie, amplifiée puis enregistrée sur magnétophone, que l’on travaillait par la suite grâce à un patient labeur de montage et de manipulation de la bande magnétique. Nous travaillions alors en symbiose avec nos machines, nous ne faisions qu’un avec ces circuits comme un quatuor à cordes faisant corps avec ses instruments. Mais ce qui était fascinant, c’était que les sons générés par ces circuits conçus à partir d’équations mathématiques, semblaient posséder une vie propre. Nous n’avions aucun contrôle véritable sur leur genèse. Nous utilisions de façon telle quelle, le déploiement, la floraison de timbres et de sons obtenus par ce principe technique. Les théories de l’information, le concept d’entropie, les motifs du hasard et de la probabilité, étaient les seules règles avec lesquelles nous pouvions jouer pour tenter d’en contrôler la forme. Les émotions qui semblaient émerger de ces circuits, possédaient un caractère à la fois charmeur et monstrueux, qui n’était pas sans évoquer l’idée du voyage spatio-temporel. C’était quelque chose de très fort et de totalement fascinant. Chaque circuit que nous avions construit possédaient ainsi sa propre vie, son propre rendu, son propre caractère. Une fois que ces sons étaient morts, qu’ils avaient disparu, nous étions incapables de les reproduire à l’identique. Nous ne pouvions et ne voulions rien contrôler d’ailleurs. Nous expérimentions avec une forme d’innocence et d’émerveillement mêlés. Une fois les circuits construits, nous nous asseyions et nous assistions, bouche bée, à leur naissance. Nous étions dans un état particulièrement réceptif, éveillé, à l’image d’un enfant faisant ses premiers pas dans le monde, les oreilles et les yeux grand ouverts. Par la suite, grâce à son impact, cette bande originale a posé les bases de nombreux autres films de science-fiction. Je me souviens qu’une journaliste de Vogue avait évoqué à quel point cette musique semblait correspondre au son de ses propres rêves. Elle avait sans doute trouvé là, dans ces sons électroniques, comme beaucoup d’autres spectateurs du film, une forme d’universalité.
Bebe Barron.


... et pour ce qui est du sens on ne peut qu'y voir l'analogie* avec Goya, non ?


Le sommeil de la raison engendre des monstres*



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