de Jean-Luc Godard - One + One
ouhouuuuh ouhouuuuh ouhouuuuh
C'est vrai, mais c'est vrai, le studio c'est ainsi, entre salon cosy où les sons individuels des recherches personnelles s’élèvent, et entre conciliabules pour parfaire la question sur le type, le style, le temps, et ces sempiternels recommencements qui poussent au doute et à l'excellence. Ce n'est pas l'énergie du concert, son show, ses soli, ses miracles et ses excès, son mysticisme et son sex-appeal. Il s'agit bien de tout autre chose.
L'envers du décor qui en est le carburant, et toute la raison.
C'est ici, dans ces parenthèses, hors temps, hors présentation, presque en secret, presque en loucedé comme une bonne farce, que se trame les sons essentiels. De ci de là, chacun poursuit ce qu'il va jouer, la manière dont il va s'insérer et sertir ses trouvailles musicales au brillant d'une chanson à faire décoller.
Le studio est un état à part. Une communion des esprits qui s'associent pour chercher ce qui les dépasse et transcende la simple addition, mais aussi cette précision d'un enregistrement qui est appeler à rester. Car ce qui va être gravé va rester.
On ne transpire pas tant que cela par ici, chacun sa cabine, son territoire son micro son endroit et ses grigri, les corps sans se toucher dans l'open space, et les oreilles isolés. Tout est dans le casque, il y à deux mondes, celui de la bande magnétique et celui des extérieurs, - un lieu double vitré. Et une musique par procuration, vissée à son objectif et hors des réalités. C'est tout un univers sans sons réels, guitares étouffées et voix mimi-minuscules - le grave à disparu on dirait et voilà les ouuuuhouuu qui flottent seuls dans les box d'enregistrement, comme abandonnés.
Godard à filmé la légende en cours de fabrication, oui, mais aussi cette planète particulière qui vit en réalité un tout autre temps d'une toute autre vérité.
Alors voilà les simples musiciens, vêtements de stars au vestiaire, qui fouillent la moelle d'une chanson voodoo empreinte de blues et d'érotisme séduisant luisant, pour en extraire l'intemporel.
Ce qui tient c'est d'avoir essayé les possibilités, et d'avoir choisi. Ce qui tiendra c'est d'avoir touché du doigt les silences ou rien n'est dit, mais où tout réside. La musique est une sculpture des creux, ici à temps différé.
Et puis à 8:18, on rentre dans le sujet. Le vrai le vif. La musique et ses détails, la quête d'un équilibre qui sied et qui fait tout décoller. Un minuscule changement de frappe sur la caisse claire et voilà toute la chanson qui se met à exister. Il y à du plaisir à fabriquer ces châteaux de cartes aux allures inutiles mais si incroyablement nécessaires. Paradoxe du vide et du silence paradoxe des poursuites et des dadas d'esprits. La transparence fait vivre la distance l'espace et les articulations d'un présent à remplir d'humanité. Dans ce peu, finalement, on pourrais y voir tout un mysticisme. La métaphysique des banalités.
Et puis à 7:26, aie ! Oh non... la musique qui s'échappe, on y était on y était, pourtant. FUCK FUCK FUCK ! OW !
Et oui, le temps qui s'empile, l'avenir acoustique qui s'écrit et tout qui dégringole sur une montée loupée de quelques notes d'une basse qui s'est d'une coup détachée de ce qui se suspendait, la haut, dans les airs. C'est la loi du genre. Tout y est si léger léger léger, fragilité d'une intemporalité promise, si on y arrive, si on peut y toucher. 11:18. OW SHIT ! ROAAAAAAAR ! 11:30. On y retourne on y retourne, met toi dedans mon Keith (mais oui, bon sang bon soir ici c'est Keith Richards à la basse). Il faut coute que coute attraper ce groove même si au fil des redémarrages on y voit goutte. Garder sa lucidité, et cette énergie des première fois, pour la énième fois...
Le studio est un truc à part. Terriblement. Extraordinairement. Grotte des complicités, et l'endroit des envies qui se lovent pour changer la face d'un disque. Des heures et des heures à trifouiller, oser, tenter, rater, foirer, recommencer recommencer recommencer et le miracle l'extra l’inouïe qui d'un coup se produit et que l'on aimerait garder.
Ou le jeu de la tente dans la chambre des enfants.
Et l'amour... cette chose, inexplicable, l’insoupçonnable sensation qui peut débarquer sans raison sans logique sans signalétique, et juste comme cela, pour voir. La musique. Cet amour qui survole les studios et les Terres.
L'incroyable à préserver, parce-qu’il n'y à jamais d'erreurs mais uniquement de l'émotion ressentie, parfois éphémère, oui, parfois trop éphémère mais tellement pleine de saveur.
Puis, place au live, et à ses inimaginables envolées dopées. Ouhouuuu Ouhouuuu Ouhouuuu... yes we had a good time, we had a good time...
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