Mais oui. La fin d'un enregistrement studio est souvent un événement, presque une fête. Celui des Filamotsa Soufflant Rhodes ne déroge pas, bien au contraire (le "format spécial" de ce 2 titres sortira en septembre).
Tout donné ? Aux instants. A ce moment, inscrit pour le reste du temps, une fixation d’éphémères où se livre ce qui se construit petit à petit - et bourré d'utopies.
Il y à beaucoup d'envie dans ce faire, un désir d'amour, une disponibilité au possible, à ce qui pourrait advenir. Qui sait qui sait qui sait ?
Enregistrer, c'est accepter de se livrer. Le son dénudé, offert brillant au regard voyeur gourmand et aux corps sonores à poil. Une session de captation comme une séance intime. Le studio est un lit de son, un endroit des envers et des vibrations. Tout se joue là comme on pourrait se laisser aller tout en concentration et en sensations.
C'est un moment à part, une drôle de situation où se mêle et la pétoche et l'ardeur. Tout donner et tout explorer - sans fermer.
Tenter d'atteindre l'équilibre qui fait vibrer, qui fait poindre l'émotion de ce qui est espéré, profondément aimé.
Le paradoxe d'un environnement où tout devrait respirer la légèreté, la créativité, l'élégante invention et où le moindre détail devient l'obsession, l'obstacle, le paravent aux libations.
La langue ici ou là ? Le doigt au dessus ou en dessous ? Respirer ? Retenir son souffle ? Avancer ? Reculer ? Aspirer ? Attendre, y aller, foncer, s'y jeter... retenir ? Comme le Capitaine Haddock*, la question fait apparaitre trop de solutions !
Il y à, en studio, comme une inversion de valeur. Un négatif des quotidiens intuitifs et banals. D'un coup, l’imperceptible devient le capital.
La anche est-elle trop humide, trop dure, pas assez souple, le sax à droite, à gauche, on y va, on y va pas, dans le noir la lumière... tant de questions jamais posées auparavant - et certainement pas en concert.
Toute la difficulté n'est finalement que de retrouver la simplicité et la disponibilité. La personnalité accumulée au fil des années et des expériences, le sens du jeu et du plaisir. Ressentir ce qui fait se lever les flammes et les appétits. Se détacher alors des réalités (ce studio, cet endroit, cet enjeu) pour toucher de nouveau le fond de l'affaire - le grand ciel bleu.
Finalement, le studio est un sacré oiseau. En quelques jours seront imprimés quelques minutes. Un concentré préparé mais qu'il va falloir composer. L'entonnoir des volontés et des sonorités.
Cet espace minuscule, ce boudoir d'un présent pour le futur, est comme un gigantesque paysage. Et il faut choisir. Retrouver la sensualité de faire tout en gardant la lucidité détachée des choix et des audaces.
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