dimanche 16 septembre 2012

Geste et son (non ?).

Le musicien acteur ? Oui par la nature du geste musical, cette intention précise à provoquer un événement sonore qui raconte une histoire, et une histoire à part entière. Abstraite, sans A ni B, mais tellement juste et singulière.

A force d'être lui-même le musicien projette autre chose, le geste d'une intention, un "sous entendu", et plus loin, une situation à la raison ouverte, un tableau aux compréhensions immenses, un espace qui se compose et s'articule, révélant l'état des lieux, la nature et la physique des volumes et des échos ; le Monde des intérieurs illuminant et s'illuminant des extérieurs.

Il est encore encore et encore passionnant de se demander ce qu'il va se passer, le pourquoi et pourquoi ce déséquilibre, ce corps penché, ce bras suspendu, mais quel est le sens de tout ceci, la raison d'être - quant le son n'en est qu'un indice. Il se passe donc autre chose dans ce que l'on entend. Mais quoi ? 

Le geste de l'improvisation et le geste de l'écriture ne sont a priori pas identique. En improvisation, parfois, souvent, le corps (ses habitudes, ses contraintes, ses expérience, ses maladresses) poussent au son ou au silence - ce son que l'on oubli ; s'en est un vecteur comme un acteur. Le voilà dépendant de l'espace et des sensations, le voilà à l'écoute pour mieux se mêler et comprendre ce qui le traverse et le fait exister, ici, ou là. C'est un corps médium, des gestes de ce lieux, de ce rapport à l'autre ou à l'objet ou aux spectateurs ou au temps. 
L'improvisation s'occupe de tout. Plus le musicien est là et plus son geste sera l'histoire visuelle d'un moment traversé de réalité, de finesse, de vérité. C'est l'histoire de l'endroit...
Un corps traversé, un geste induit et un son lié. Le tout recherchant cette présence complète, débarrassée d'intention, de parasite de sens ou d'obligations.

En écriture on pourrait dire que c'est le son qui pousse au corps, à ce qui lui arrive, au fait de se plier à l'intention du compositeur. Finalement une veritable histoire parallèle du travail, de l'effort, la nécessité à obtenir ce qui est recherché se fabrique sous nos yeux et hors de la volonté du musicien.

Mais au delà. L'implication du corps, du geste comme geste de danse provoqué (tout est son tout est danse - question de point de vue), est la mise en mouvement et l'existence complète d'un espace acoustique et visuel. La vue sur un intérieur.

Alors son et corps - le corps sonore* - étroitement liés, oui, mais aussi libérés pour que chacun soit entier. Sans asservissement, sans obligation (de code musical ou chorégraphique, de dramaturgie ou d'histoire) si ce n'est leur lien premier. L'histoire est déjà là. Elle est dès les premiers instants du geste ou du son, une histoire des physiques et une métaphysique des existences.

L'absurdité concrète et fascinante. Pleine de raisons et sans raison. Et les mots sont si compliqués pour une chose si simple...



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