mercredi 24 octobre 2012

La coiffeuse.




Entre ses mains, douces, volantes, masseuses, la vie s'abandonne, volée, tête en l'air baigné de senteurs, extrêmement parfumées. Le corps un brin gêné de changer, là, on se laisse aller dans ce no man's land, extraterritorialité extra, parenthèse qui vous refait pif paf la journée comme un lit bien bordé. 
- Ça fait longtemps qu'on t'as pas vu, dis ! Bonjour la tignasse !
Ah la la... et l'imagination qui coule et se berce au milieu des tendresses professionnelles, beau temps mis à disposition, élégance d'une féminine nonchalance, indolente insolence au brouhaha qui clapit derrière la vitrine. Le paradis terrestre s'installe lentement au creux des quelques minutes d'un coupe tifs aux allures d'insouciance. 
- Un café ?
- Non, non, merci, merci.
Et le bruit des ciseaux qui reprend près de l'oreille, massage sonore rapide incisif technique. Bonzaï ! On dirait des ouistitis dans une forêt, qui s'échappent et s'amusent à se poursuivre, plus loin, au fond de ce près, ce prélassent des grenouilles vertes colorés et des salamandres dorées, pendant que des rouges-gorges tirent des sons aiguisés. 
 - Quel temps dehors ! T'as vu ?
Il fait chaud, non ? Ou serait-ce ce vent délicat qui souffle les cheveux mouillées après la baignade dans l'étang frais. Nager. Quelle belle idée.
 - Je te passe quand même un coup de sèche-cheveux, hein.
Et le temps glisse, doucement, agréablement, rempli d'intimités frôlés, ce drôle d'endroit occupé. C'est un voyage, une balade, le chemin des baguenaudes au gré des mains.

La caisse enregistreuse vire les clients terminés et sonne le glas et les cloches avec un tintement qui pourrait rappeler maintenant la fin d'un été.
- Du gel ?
- ...
- Antoine ?
- ... hein, quoi ? ... ah, oh, excuse moi... je me suis endormi.


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