Sophie Dahl par Steven Meisel pour Opium
Comme un bon vin qui offre en bouquet son parfum. Rien à voir ! croit-on avec cette photo de Steven Meisel si ce n'est les apparences que l'on voulait donner à une flagrance tendue en flagrant-délit sur un lit (de soie noire).
La mécanique symbolique des publicitaires et des photographes de mode... peau blanche des tableaux d'antan, cheveux de feu des sorcières (femme libres et sans interdits, une légende), l'attribut contemporain d'une séduction bricolée (ces hauts talons d'YSL, dommage) la nudité abandonnée et les courbes du plaisir. Tout un programme (programmé).
Mais alors ? Rapport au vin, au parfum, à l'idée sous-entendue ? On y vient on y vient. La robe de ce corps dénudé et l'impalpable sont en jeu. Avant même de sentir, c'est la suggestion qui s'en tire. Provoquer l'envie ou cette savoureuse impatience des promesses que l'on vend ici.
Pourtant, au delà du mercantile (l'invention d’une icône aux mythes recyclées, inaccessible et fantasmatique) et de l'instrumentalisation du désir (et du corps irréel et somptueux) il reste une vérité non domestiquée, non contrôlée. Il faut la chercher en dessous du visible, en dessous des intentions - comme Camille Claudel et sa soif de justesse - et essayer de toucher ce qui fait vibrer.
Oui, au delà de l'image et de sa finalité résiste une révélation, une beauté un mystère. Une attirance incompréhensible aux raisons incontrôlables et tellement enivrantes. Voilà le jeu. Masquer de superflu ce qui quand même pousse les uns et les autres à se désirer, simplement.
Cette photo avait marqué à l'époque - au point d'être censurée (la beauté tremblante souvent...). Mais on se demande quoi du visible ou de l'invisible avait troublé.
Ce qu'il en est resté en tout les cas, l'opium, le plaisir infusé, continu à se diffuser comme un parfum ambré cambré aux charmes toujours insoupçonnés.
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