Il y a un peu de Nan Goldin, de Anders Petersen aussi, un peu de ces photographes embeded qui sauvent la réalité de la simple réalité. Ce sont des extra-lucides sombres, de joyeux pessimistes qui donnent aux banalités les vivacités lumineuses de toute une humanité. Noir et blancs découpés, on se croirait plongé dans le bouillon des corps et des intimités. Car oui, l'intimité en est le sujet. Dénudée ou volée, au passage d'une situation ou d'un entre-corps, dans la rue ou une chambre isolée.
Chez Ed Van der Elsken on se balade dedans/dehors, à la recherche d'une sincérité, un abandon parfois, celui des amours ou de l'inconscience d'être capturé sur un film aux argentiques précieux. Et c'est ainsi que le monde de tous les jours microscopique s'offre des images aux allures immenses et vivantes.
Et la musique et la musique. Le jazz à gros grain, comme des pores de corps en vie en ultra vie, soufflants les désirs de rester là, présent, jeunes d'envies.
« Graves, désenchantés, renfermés, sans avenir. En partie parce
qu’ils n’en avaient rien à faire du monde extérieur, de la société, du
“reste” [… ] J’ai traîné avec eux pendant des années, je faisais partie
de la bande, même si je gardais tout de même la distance nécessaire pour
les photographier. J’ai pris des milliers de photos, je vivais au café
pendant des jours et des nuits, des semaines, des mois, sans jamais
vraiment analyser ce qui se passait, j’étais beaucoup trop impliqué pour
cela. »
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