Alors que les 33 remontent, les 5 plongent dans "Entrailles" sans soucis, sans Fenix 2*, sans regrets pour la surface des choses. Et au fond de l'affaire, ce n'est que sons électroacoustiques, multidiffusion, baignades bleues électriques, sensations acoustiques, environnement sonore et tressaillement d'ondes.
Tout le pari cependant tient dans les paris. Et par exemple cette question typique de résidence de recherche avant même celle de création : comment recomposer un espace sonore improvisé pour l'exporter dans une bande-son qui ne soit ni figée, ni morte, ni détachée de l'instant où tout se joue. Un casse tête.
On pense à l'aléatoire dans la diffusion, on imagine des déplacements du son donnant l'impression de mouvement et de vie (les rayons de son chers à Varése), on suppute sur les jeux acoustiques des proximités et des lointains "drones" (où l'auditeur compose de lui-même ses champs sonores), on repense à l'aspect physique visible du son (les éléments visuels induits par les vibrations de la membrane, où l'intégration scénographique des haut-parleurs par exemple), on ose croire aux immersions psycho-acoustiques (des amphithéâtres d'acousmoniums !*), aux leurres, aux trompes-l'oreille, aux effets de sub-basses ou de voutes sonores.... avec un premier obstacle qui est la simple mise en place d'une diffusion liée à son mode de création. Ce n'est pas le tout d'inventer, dans une salle, un espace aux sons mobiles, équipé d'un ordinateur, d'une carte 16 sorties et de logiciels (détournés de leur finalité tout de même), encore faut-il, déjà, penser à l'exportation en extérieur et sans musiciens de tout ceci. L'enjeu du son de cette création est là.
Et la recherche passe aussi par définir les modalités de composition (de l'improvisation à la fixation sur bandes, de la composition à la recomposition in situ, de l'empirisme directement sur le terrain ou de l'adaptation pas à pas selon les contraintes), comme celle du mode de travail (l'outil "Live" plus facile pour le direct mais compliqué pour la transposition en bande-son ou l'outil "Logic Pro" et "Cubase" plus facile en composition architectural du son mais complexe pour les improvisations).
Les résidence ne sont finalement que cela. Tester, tenter, inventer des passerelles, des bidouilles, dénicher les trouvailles, poser les problèmes pour s'occuper des solutions, projeter en laissant tout les esprits ouverts, choisir et jeter, jeter, jeter.
Tout est là. Trouver et jeter. Oser ne pas garder et être sur le fil en permanence, les pensées rivés sur l'idée, et en tête, vissée, la poursuite de ce qui n'est pas encore fait. Inventer des parcours, des moyens, des cheminements, transposer une singularité, une expérience, une volonté, une envie, une idée, combiner, sauter le pas. La création est là. Puisque soit disant tout à déjà été fait, alors il ne reste que ce que l'on est, là, de suite, pour tout réinventer. L'unique de chacun restera toujours une création neuve et merveilleuse.
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