dimanche 24 octobre 2010

Euréka.



La surprise des jours extravagants, c'est la surprise des rencontres. De tous types. Au coin d'une rue ou d'un hiver, au delà d'un trottoir, banal, ou d'un extraordinaire coin de pelouse existe une rencontre qui peut changer le regard. Il suffit d'ouvrir les yeux et d'écarquiller l'esprit, de se rendre disponible à l'ébahissement du rien.
En un clin d'œil, la situation peut se renverser, un objet qui ne doit pas être là, un décalage, une facétie de position, un drôle de manège, une entourloupe de perspective. La lumière change et les voici tous bouche bée. Plus rien ne se reconnait, un léger flou mélange les pensées, la raison vacille, de peu elle trébuche sous le coup de cet inattendu. On part de là mais on ne sait plus ou l'on va, un train d'enfer, un manège enchanté, une ivresse d'esprit.



Mais il existe aussi et surtout la rencontre du troisième type. Celle que l'on à pas vu venir. Sans même la chercher voici le croche-pied de cette drôle d'apparition. Ce peut être une banalité entrevue ou un simple télescopage des sens. Mais le plaisir de la découverte traverse d'un coup et l'esprit et le corps. Une photo, une photo, une photo comme unique témoignage et l'espoir de garder vivant ce qui fait bouger. Butiner la rencontre du troisième type fait passer la vitesse supérieur. C'est la poésie des extravagances, aucun moyen d'y échapper.
Et tout d'un coup, une grâce, une élégance, un bel équilibre ou au contraire un chaos, un phénomène, une impossible réalité. La belle extravagance est là, elle vibre, elle palpite elle frisonne elle frémit et sans même le savoir elle peut vous emporter, vous donner cœur et saveur, miel et frayeurs.
Une photo de ceci, une photo de cela, mais comment la capturer ("la faire tomber dans le panneau" diraient les fieffés chasseurs*), comment la garder ainsi, comme une fantastique curiosité du réel, un attrait rêvé, une insondable histoire à démêler ?
Ce n'est pourtant rien. Enfin ce n'est pas la fin du monde, ni le début, juste un bel élément, un trompe-l'œil parfois ou une simple invraisemblance. Quoi. Ce n'est pas la première fois que l'on voit, au hasard des balades, un dérèglement des ordonnancements. Mais. Rien ne peut à ce point duper qu'il ne soit plus possible de fermer les yeux. Allons. Suffit, et passer le chemin, ne pas croire ne pas boire à la source de ces splendides émois.

Et voilà, et pourtant il faut s'en convaincre. Face aux banalités des yeux assoiffés, une excentricité du quotidien flirt avec les regards ouverts.



La rencontre du troisième type est là. Elle flotte impatiente et impertinente. L'indolente ! Sûr de sa lubie et de sa fantaisie. Les frasques du réel accrochés comme des loques, la beauté de son exotisme comme un étendard désinvolte. On dirait un serpent qui danse...

Une photo, une photo !

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