dimanche 14 novembre 2010

Temps libre ! Break ! Break !



Temps libre, temps repris. Les vases communicants pour ceux qui tombent dans un temps à prendre. Ce n'est pas souvent, ce n'est pas tous les jours. Et au coin d'un moment ça arrive, ça débarque et ça s'installe. Tranquillement enveloppant, un peu anesthésiant, voici donc le temps du temps libre, le temps à tout faire, celui à mettre en mouvement. Ça et la suite.

 (Et la ç qui se trimballe nue - cédille, sacrée polissonne ! - comme si de rien n'était. Les fantaisies des pronoms qui se jouent des "cela". L'année 69 un temps retourné ou l'année érotique, okay, et la ç affriolante lettre française qui joue les bizarreries. Rien à voir, rien à voir mais quand on y pense. Juste une parenthèse, un gadget d'idée, juste pour le clin d'œil à la ç, cette friponne de lettre, cette étrangeté graphique, une beauté dénudée et espiègle ; et puis parler de "çà" ce n'est pas parler de "cela", on ne joue pas dans la même cour de récrée, les Huns à la coquinerie, les autres à la haute, ce n'est pas pareil, ce n'est pas pareil, - tout de même. L'art des lettres, ces jolies circonvolutions expressives et pleines de promesses, et l'essai, ici, d'un texte dans un texte, un serti d'idées "semi-clos", une manière de poupée gigogne et de jeu des mots. Et pourquoi pas ? Pourquoi, soudain ne verrait-on pas l'élégance affriolante de la ç, belle des lettres, incongrue, surprenante ? C'est une stupeur ou une embuscade d'idée on ne sait plus, on ne sait plus. Ne reste plus qu'à profiter de ç - dame ! - et de ses culs de pensée... c'est fait.)

Tout ce temps donc, à utiliser, à  dépenser ce qui n'est pas gaspillé. Une introduction au fait que ontologiquement la vie des musiciens, ou peintres, ou comédiens, ou autre ou autre se fait de contractions et de décontractions. Respiration des rythmes de travail non totalement maitrisés, au gré des répétitions, des dates, des résidences,  des rendez-vous, des immersions administratives et des... riens.
Mais ces riens, d'un coup, se révèlent tout aussi essentiels. Il est difficile d'expliquer que le temps à rien fait partie du temps pour tout. Et pourtant, un métier de hauteur de point de vue (vaut mieux tenter de voler haut parfois), fait de changements de cap, d'anticipations, de projections, d'envies et de révolutions esthétiques ou techniques passe par le temps consommé à rien, à tout, donc au reste. Musiciens à leurs temps perdus, musiciens grâce au temps retrouvé, enfin.

L'audace des lendemains se joue dans les réflexions et les préparations qui ne servent a priori que pour le rien. Ce ne sont que des tentatives d'ouverture, des butinages de désirs, de curiosités ou de chocs intellectuels (ou physiques why not, why not). Ces riens se découvrent des lendemains qui brillent. Le rien comme grâce artistique c'est difficile à défendre et pourtant. Tout semble là. Laisser voguer les humeurs, abandonner la libido des idées démanger le cours des nuits ou des jours, prendre le temps comme on prend  la ç dans les soupçons d'idées, écouter Melt Banana** rien à voir rien à voir - décidément, planquer au fronton du château des cartes à retourner, qui devinent qui devinent, et laisser les bras de Morphée enlacer des rêves prophétiques, car finalement... qui sait, qui sait ?


Morphée et Iris. Pierre Narcisse Guerin

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