lundi 13 décembre 2010

Jour Un.



Jour de première jour de tonnerre. Voilà enfin venu le temps de l'île aux images, Pince de Crabe sur la boucle et prêt à se poser au TGP de Frouard* le 15 décembre à 19h30 pour sa première
Le final, l'aboutissement, le dernier acte d'un travail au long cours puisque démarré il y à plus de 20 mois - la résidence commune de 6 semaines n'étant qu'une parcelle congrue de cette titanesque construction ?



 
Mettre en place un spectacle théâtrale, musicale ou autre ou autre prend du temps. Mais, et même si techniquement tout est prêt, filé, répété, en place, rodé, testé, déjà pratiqué à la première, une pièce ne prend son envol immatériel qu'aux futures représentations ; il faut laisser ce temps au temps pour que le rythme ontologique s'impose, que l'émotion non contrôlée s'infiltre entre les assemblages, qu'une métaphysique secrète et indépendante des volontés et des intentions apparaisse. 

Il est là le merveilleux, l'extraordinaire recherché, dans ce petit tremblement d'outre-pensée qui met à jour ce qui lie les uns et les autres, le lien mais aussi la question, une forme d'union flottante, un accès si propre au monde de l'art, une ouverture une lucarne sur les raisons sans raisons. L'inaccessible étoile à porté de regard. Et parfois désespérément hors d'atteinte. 
La part unique du spectacle vivant rend cet élément énigmatique et sa survenue incertaine. C'est une surprise pour tout le monde, spectateurs comme acteurs, ce moment où tout décolle ("lift the bandstand !" disait Steve Lacy* et Monk, et Monk), un incroyable instant qui ondule qui oscille qui emballe, une unique et précieuse et désirée circonstance où tout semble facile - être au monde et être du monde - une communion d'esprit et de sensation, les corps en suspend. 

Il apparait, s'il apparait, au coin du spectacle, par inadvertance, sans prévenir, ce moment, ce juste instant, ce beau temps. Une course poursuite que cette grande Odyssée des arts qui filent le train de ce minuscule événement à conséquences illimitées. 
Et ce sentiment ressemble étrangement à une amourette, et le temps s'oublie, et le temps s'enfuit. La métaphonie des esprits et des corps. Move your body !



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