Le son (du sax, pourquoi pas, pourquoi pas), une banale histoire d'érotisme ? Pas si sur, pas si sur, mais le fragment d'une intimité, certainement. Le son du temps consommé à chercher où il pourrait bien se trouver, des moments à écouter comment il pourrait bien grandir et se développer, le son d'un doute et d'une volonté, des espérances et des mirages, et la poursuite d'une singularité.
Une proximité, aussi, un intérieur - au grand confort moderne, la plongée dans les confidences et l'extension d'une personnalité. Alabama* de John Coltrane, et tant d'autres et tant d'autres, révèle cette pensée. Le temps de penser, et de respirer.
Naima*...
Le son. L'entité. La physique de l'esprit, le résultat d'un alambic des sensations, d'histoires de vie, d'aspirations (le paradoxe) et de quête. Un besoin de justesse, la recherche d'un endroit d'équilibre, d'intégrité, d'absolu. Souffler n'est pas jouer, okokok, mais le son d'un son pourrait bien renverser la Reine à jamais.
Enchainer les notes les unes par rapport aux autres reste une histoire de narration, une histoire d'histoire, mais le Son, ce bâtiment de maçon fredonnant, est une histoire en soi.
Comme par enchantement, la vie circule et ouvre les esprits dans une tenue plus que dans un éboulement de notes. A love supreme*.
Le son. Ce son. Partie vivante, dynamique, incomplète, toujours en suspend. Il se perd, se dégrade, fuit, il se pose, envahi, caresse, frôle et bise. C'est une identité, une signature et un souffle.
Et la manière de respirer, de le porter et de lui donner vie. Finalement entre marionnettistes et saxophonistes c'est une sentimental affair, une même volonté de transmettre et de faire croire à une existence inattendue. Mettre en émoi le physique, donner du mouvement à l'objet, faire vibrer l'élément acoustique, bousculer les molécules et donner une allure et un touché aux choses endormies. Correspondance d'émotions. Le corps acoustique comme le regard charnel.
Pourtant, cette histoire de son reste un mystère. Le tuyau, le saxophone ce tuyau, n'est qu'un transmetteur, une usine à diriger, à combiner, une mécanique des fluides. Mais la réalité du son, cette séduction - fragilité en puissance - violence et douceur entremêlées - à la dérobée, cette respiration de l'imagination et de ses ébats, l'enveloppe qui bécote le timbre, la caractéristique qui se farci la sonorité, le son donc, qui embrasse comme celui qui fait mal, le son d'une attention, d'une mystification, d'une transmutation, Frankenstein de carnations, ce son, encore, unique, vital, n'est qu'un acte d'amour.
Et pour l'attraper, il suffit simplement d'être gourmand. Comme l'érotisme.
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