Mannequins désarticulés, déboussolés, déboulonnés, arrangés dans des positions intimes et amoureuses, incongrues et crues, impudiques affranchis, et voilà une éruption de poésie violente, abrupte, un rentre dedans émotionnel par la simple mise en scène de bouts de plastiques.
Mais le modelage du regard policé est là, une morale inévitable et prévisible qui pousse à ne pas se détacher de ce qui doit être face à ce qui peut être - quand bien même cela s'exprime par des pantins. Une dénonciation détournée et d'un coup d'un seul, par le simple jeu de l'évocation, du transfert de sensation, du souvenir manipulé, de la provocation à l'émotion, les exhibitions artificiels des hommes et des femmes de plastoc prennent une allure d'épouvantail.
Face à la nature déshabillée et mise à jour par les polichinelles, comment ne pas être fasciné, stupéfait par la complicité délétère qui nait. C'est le jeu. La réalité obscène se présente comme un miroir des situations humaines. Une pornographie des conformités, vulgaire et commune.
Mais c'est à ce point que l'art apparait, violemment, rudement, durement, agressivement et de manière tranchante. L'uppercut ou l'art de faire comprendre, ressentir dans sa totalité, un regard, une idée, une expérience, un dévoilement. L'Homme à poil, disséqué, exploré, détaillé dans ses recoins, ses sombres inclinaisons, ses bassesses ou ses beautés vulgaires, donne à penser, à prendre de la hauteur. C'est un paradoxe des divulgations.
Cindy Shermann* (et***, et des vidéos***) donc, et le jeu des apparences, des correspondances et des secousses émotionnelles.
Un coup d'œil coup de poing, critique et sans détour, des faux semblants de cette société du spectacle* si totalitaire.
Cette mise en question de l'image apporte ainsi sa pierre au regard distancié et indépendant face aux finalités de domination des représentations stéréotypés et aux simulacres d'un système de pensée.
Là la femme réduite à un érotisme (?) purement fonctionnel**, ici les clowns ambigus**, ailleurs les travestissements déconcertants** (dont Mme Santa Claus*) et à côté les images de modes transgressées*. Puis les broken dolls*, ces poupées brisées, démembrées aux allures de passé violemment oublié.
Finalement il n'y à d'indécent que ce que l'on ne veut pas voir en face de plein jour. Cette triste humanité capable de tous les pires mais aussi de toutes les beautés. Une société de plus en plus synthétique aussi, plastique, remodelée, déformée, aplatie de conventions esthétiques et de formatages idéologiques sur la beauté, la séduction, le comportement. Une monstruosité qui se détache, qui s'autonomise, qui prend le pas.
Manier la réalité par la mise à nue est une chirurgie de toutes les vérités (celles de chaque hommes et femmes, individus singuliers et uniques), sans esquives, sans retenues et en ouvrant grand les yeux.
Chacun s'y reflète, chacun s'y projète, si l'on veut bien laisser la porte ouverte à l'intelligence et à l'émotion.
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