mercredi 17 novembre 2010

Billet décousu et tempête dans un verre d'eau.


Pas grand chose, pas grand chose. Certains se trempent les journées à Paris* (La Soupe est à Pantin* avec APT) pendant que d'autres préparent des dossiers de subventions ou que d'autres encore planchent sur les créations à venir ou que d'autres finalement se noient dans un verre d'eau, une page blanche et la tempête qui va avec. La vie comme elle va. Un billet de rien pour rien et s'accrocher à ses baskets.

Einstürzende Neubauten* est à Paris aussi. Rien à voir, mais ce n'est finalement pour ne que dire en bombardant points noir sur points blanc. Illusion des inscriptions, puisque l'on reste en 0/1, le binaire malgré les apparences des circonvolutions, et, quoiqu'on écrive, reste l'alignement d'ON et d'OFF* ; il faudrait y réfléchir. De la pensée jetable, du quick texte, du rapidos pas vu pas pris, du junk blog, du rien pour rien, dans la droite ligne des kilomètres de nuits.
Sans doute les enluminures des incunables ne représentent elles pas la même responsabilité d'écriture que le SMS - encore que, encore que le SMS est certainement plus responsable de vies brisées, ooouups, argh, trop tard.  Mais ce n'est pas la question. Non. Le résultat est enfin face au processus et à l'élégance des mots. L'écriture est une idée bien plus que l'idée ne suffit à l'écriture. Il semblerait. On pourrait ne rien penser et écrire d'illuminées merveilles comme on pourrait tellement imaginer que l'écriture ne puisse plus être possible. Un drôle de paradoxe qui lie le mot à l'art des mots. Une rétroaction d'impossibilités et de provocations. Ça rame ce billet, ça rame. Il y à bien un truc ou deux qui va accrocher...
La densité des idées projetés dépendrait-elle de la méthode d'écriture ? C'est une question, c'est une pratique. Rien n'est pareil d'une encre qui sèche à un clavier numérique. Peut être n'est-ce qu'une simple affaire de temps technique à écrire, après tout ce n'est forcément plus le même rythme de pensée attrapée ou corrigée ou mise en réalité ou posée ou juste soufflée ("é" ou "ée" ? aucune idée, faut avancer). Faudrait voir. Marginal. Mais quand même. Le cours des idées a t-il changé avec la méthode. On parierait que oui. Surement.

Et les idées des non-dits semblent décoller plus presto que les idées inscrites. L'art du non-dit comme l'art des bruits. Cette manière d'esprit, des fantômes à jouir, une pensée qui surgit, l'art la manière des interdits qui se bâtit. L'art du non-dit comme cœur d'écrit. Ça alors ! Le sympathique qui revient dans le détail. Le trouble dans le binaire,  la pensée numérique aurait son π elle aussi, ce nombre infini. Une surprise diablement agréable. L'art des périphrases, diabolus-in-literatur, et l'entre ligne pour les pousse au crime. Malgré les 0 et les 1 voilà que nait une réalité invisible. L'idée revient en force et la circonvolution comme un plaisir. Un sourire de palimpseste. Qui sait qui comprends qui attrape le serpent qui siffle sous les textes.

Fort décousu, décidément...

Neubauten, un vieux groupe* donc, une histoire des musiques spectaculaires et intransigeantes et directement reliés à l'envie. Jouer, c'est monter fabriquer du bruit et jeter un pavé, aussi.
Un groupe qui cite les intonarumori* des Futuristes et de Luigi Russolo* ne peut pas passer inaperçu aux yeux des amoureux d'idées. Tout est là. Ouvrir les oreilles et changer de cap esthétique, se débarrasser des conditionnements des habituelles oreilles et des pacotilles (oui, l'harmonie parfois est une pacotille). Neubauten préfèrent l'indus*. Une manière singulière de vibrer sur l'air des bruits*. De briques à perceuses, de marteaux-piqueurs en ponceuses, de barres de fer à batteries métalliques, les débuts ressemblent à la musique des haut-fourneaux*. L'industrie musicale et la révolte anarchiste. Aujourd'hui on se demande. La vie comme elle va. Ce groupe à changé*, oui, mais on y retrouve l'intelligence des matériaux. Air comprimé pour orgues de tubes PVC, capteurs de vibrations sur d'énormes ressorts et une élégance du sombre*, métamorphose littéraire des révoltes punks. Mais rien d'important. L'essentiel ? La simple question de ces formes durs et extrêmes qui se transforment au fil du temps en densité plus placide en pose une tout autre, de question. Celle concernant ce qui reste lorsque le temps file. A voir.



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