mercredi 17 novembre 2010

Louise Willy.



Louise Willy fait partie de notre érotisme. Encore une histoire à dormir debout, une histoire de blog qui prend le temps puisque temps il y a. Pas seulement. Louise Willy c'est aussi une jolie demoiselle, la demoiselle aux premiers émois fait de Lumière. Une star à sa manière, Louise, icône projeté dans les lieux underground dés 1896, la fille au strip-tease, au tout premier transport mécanique de fantasme, à la mémoire collective d'un milieu des nuits ou des envies. Le charme d'une beauté figé et enfin hors temps, hors champ. Louise Willy, c'est le premier effeuillage sur proto-pellicule, le premier miracle de poésie grâce à l'irréalité d'un "Coucher de la mariée" d'Eugène Pirou, la préhistoire du blue film, du film érotique.
Fallait bien commencer, le cinéma venait tout juste d'être inventé ! Cela se passait au Café de la paix, tout le monde s'en souvient fort bien, tu m'étonnes, sur un appareil extraordinaire qui mettait le souhait gourmand en image et l'imagination des gâteries en mouvement. Le Joly-Normandin* (pas encore le Biographe Français*, - celui là, le copain Léar, après avoir accompagné Eugène avait vite breveté cette meilleure machine - mais cela marchait quand même bien).
Eugène avait commencé mais les copains dont le lascar Méliès ("Après le bal, le tub !") et le filou Albert Kirchner (le fameux "Lear") s'étaient vite engouffrés dans la trouvaille. Des films érotiques ! De quoi s'amuser plus que de raison et ramasser l'oseille. Jouer avec les trains c'était bien fini, on garderait cela pour d'autres lumières, et pour les gamins. La vraie vie est dans le sexe - féminin - magnifié, ce n'est pas nouveau, mais l'étrangeté du cinématographe donnait un sacré feu à la passion. L'érotisme y gagna surement en inaccessibilité et Louise était belle, forcément, en flottante et mystérieuse invention de génie sur un mur d'hôtel ou de lupanar ou d'une maison de la Haute.




Louise c'était une sorte de vierge aérienne, fantôme licencieux et intouchable en réalité, une fée à prunelles dévêtue de grains gris cendrés d'une image fragile et saccadé. Peut être est-ce pour cela que l'érotisme a ce jour de nouveau changé. L'animation d'une idée comme passion de la Lune, comme désir bougé, d'un coup porté au delà du simple regard. Il ne suffit pas de voir car l'image n'est finalement qu'un masque rituel pour accéder au niveau d'une pensée fugace mais à jamais imprimé. Une pensée matérialisé un instant puis qui s'infiltre dans le souvenir, une belle échappée de lubies à venir, une histoire à soi, comme pour un château hanté.
Eugène, Louise et son strip-tease avaient marqués les esprits, mais ils avaient surtout ouvert la réalité à une vie rêvée. Un frisson partagé, une communion d'histoires fantasmés à se raconter. L'érotisme n'était pas né en 1896 mais il avait changé, comme il avait aussi été bouleversé juste avant par Daguerre ou par les vérités spectaculaires du Stéréoscope. Tout une représentation des corps et des valeurs venait de débarquer. Sans parler des inventions du vrai plaisir, celui que l'on voit ailleurs, poses et autres normes d'exploits de bec fins.
Pourtant le mystère des voluptés extraordinaires était dépendant de techniques simplement photographiques (tous voulurent plus mais la pornographie était impossible au début... vu les temps de pose ! Pratique pas pratique). La culture érotique de masse, ce savoir alors encore sous le manteau s'enrichissait au rythme de découvertes prosaïquement mécaniques. Thaumatrope, Phénakistiscope, Zootrope, Praxinoscope et enfin le Kinetoscope Peep Show Machine d'Edison participaient tous à l'évolution du savoir érotique. Les yeux lambda et les mémoires passantes étaient nourries d'imaginaires impudiques en N/B au gré des novateurs. Un pas de deux. Vivement la prochaine livraison.

Il y à une beauté rassurante à voir l'esprit grandir du progrès, des découvertes d'innombrables "Pourquoi pas ?", d'une certaine élévation d'horizons par l'innovation. L'érotisme (ἔρως ou le désir amoureux) en est une métaphysique parmi d'autres mais il touche à l'autre, au rêve et à la passion de ce qui fait vibrer. Un intérieur projeté, une Lune à apprivoiser - et peut être à dévorer, un premier pas dans l'imaginaire et la soif d'un monde culturel, d'un monde enchanté, et ré-inventé.
Le cinématographe des débuts ne montrait rien (et quand bien même) mais il brisait tout. Le monde basculait dans l'image, dans une histoire parallèle, un savoir commun en train de se faire. Projections mentales au travers des projections sur murs, et l'Art et l'Art.

En tout les cas, pour Louise Willy, ce fut un franc succès. Puis on l'a vite oubliée.





6 commentaires:

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On l'a vite oubliée ? eh bien pas nous !!! ( et surtout pas moi , qui fût l'arrière petit-fils préféré de sa soeur ( elle-même très bonne comédienne , de théatres parisiens ) il nous reste de Louise Willy des photos ( même en relief ' prises dans les coulisses des Folies-Bergères )' un programme de l'Olympia ( de l'époque )où elle est en couverture pour " Cléopâtre "...notre grand'mère a fait aussi du théatre - et a rencontré notre grand'père , comédien également , ( comme son père !!!) et ont eu leur théatre ambulant très apprécié ( entre les deux guerres )Et nous les descendants , sommes toujours amateurs de bons spectacles , mes 2 fils et moi-même écrivons , mettons en musique et chantons en nous accompagnant au piano ou à la guitare....Si ce n'est pas une filiation çà !!! Merci Louise , et à vous d'avoir pris la peine de me lire.