dimanche 19 décembre 2010

Architecture des désirs. Voyeurs des nouveaux mondes.

André Kertesz - Martinique 1972


Question de point de vue question d'équilibre. Et d'un coup d'un seul le sol se dérobe, l'air de rien voilà la question du détail au centre des regards. 
L'esprit de la photographie ou l'art et la manière* de révéler l'immensité qui se cache derrière le banal. Sans soucis de ce qui compte, mettre à jour l'incroyable et l'extravagant vivant vivace qui se diffuse en permanence. Une idée du temps qui passe et qui reste, un balancement des corps et des esprits. Tout est là tout est là.

L'art à la photographie, l'instant déposé, le moment d'une beauté, et sans dessus dessous, sans prévisions, le coin de la lucarne qui s'ouvre aux grands horizons. Sténopé d'esprit.
Et il suffit de rien, là une surprise de coin de rue, ailleurs une idée d'architecture, une chimie nouvelle ou l'invention et sa bonne trouvaille, une bien belle idée - et ses difficultés agglutinées - ou un croche-regard, un guet-apens à sensation et le sentiment de voir ce qui n'est pas vu, de donner vie à ce qui se dit inerte et sans soupir  ; et le reste tout le reste.

La balade comme un long suspens.

L'invention de la photographie à fait naitre l'invention d'un regard. Un autre regard. Outre réel et nourri de ses propres contraintes et de ses propres histoires. Un tour du monde ré-enchanté refait remaquillé au voile levé par une personnalité. Un point de vue (pour le joli télescopage, la première photo de J.N. Niépce s'appelait "Point de vue du Gras"*...), une carte décalqué par le coup d'œil.

Kertesz* (portrait*) abeille d'images, redessine (le distord parfois*) l'à côté, ce que tout le monde voit et côtoie, le quotidien et le temps qui passe, le banal indifférent. 
Et voilà l'homme au balcon, en Martinique, un rien transfiguré, éclairé, à jamais installé. Le jeu des perspectives abstraites, l'ombre qui n'en est pas une et l'irréalité donné à une présence*. Voilà le simple objet décollé, propulsé hors temps hors exposé hors pensée. Une profondeur de champ ouverts aux déraisons, une perception de marcheur, un dérèglement des sens par le simple regard disposé, la contemplation, et la modernité de la poésie. La solitude du photographe (comme le peintre finalement), aussi.

«Ma photographie est vraiment un journal intime visuel [...]. C’est un outil, pour donner une expression à ma vie, pour décrire ma vie, tout comme des poètes ou des écrivains décrivent les expériences qu’ils ont vécues».


Quand au reste, c'est pour les filles nues, bien entendu.


Adam et Eve - Franck Eugène 1898*

Edward Weston 1918*

Aucun commentaire: