Méduse - Le Caravage - 1595
Violence et passion ou passion de la violence ou violence de la passion et le bouclier Le Caravage comme prison, comme victoire possible, comme enjeu. Car qui regarde Méduse, la Reine des trois Gorgones, est changé en pierre. Il faut s'en approcher à reculons (bouclier poli en miroir, pour rétroviseur), sans un regard, en finot, en loucedé, mine de rien, lalala - H.Potter à vraiment tout chipé.
Une fois tué, cette multiprisedetête se retrouva figé sur le bouclier de Jupiter, ben tiens, ben voyons. C'est l'histoire, c'est la légende, on y peut rien, c'est Grecque.
Médusé. Sans possibilité de réagir, pris au dépourvu par l'énormité de la situation, le chamboulement des cœurs et des esprits - wow ! ça dépote - voilà l'intelligence et l'action pétrifiés face à la vie ailleurs, face à la mort ici, tête et pieds cloués*.
Mais, voilà le peintre pourquoi pas et autre et autre qu'importe le flacon, voilà celui qui se propose de jeter un œil à ce qui fige le monde et qui donne la possibilité de regarder sans danger. L'art en puissance, l'idée de prendre en main ce pouvoir de fasciner et de saisir, l'art donné au courage et au sublime de mater l'irregardable, l'insaisissable. Face à la mort, le choix du face à face et la solitude comme offrande.
D'une certaine manière cette tête de Méduse donne de l'allégorie multifacette, une boule à pensées.
A chacun son idée. La douleur des solitaires quêtes artistiques, à chercher, outrepasser, à croquer le fruit interdit, la puissance d'une confiscation de la fuite du temps, la faculté de jeter un regard à la mort - faucheuse sans raisons, l'altitude et le vol plané au dessus des contingences létales, des embourbements d'esprits, des quotidiens pesants, défaire le lien qui retient, décoller, prendre le large, se détacher de la réalité, pesanteur des pensées, en souffrir comme bourreaux comme victime je suis la plaie et le couteau, passer outre les confusions les inconcevable les interdits et tenter l'impossible, ne croire qu'en ce qui n'est pas encore dit, oser le diable ou quoique ce soit - du moment que ça chauffe.
La Méduse en métaphore de l'ailleurs défendu, inconnu, le bouclier en séduction thaumaturge, l'art à la pointe des licences. Car la tentation est grande et l'envie est follement exaltante palpitante galvanisante impérative envahissante de passer outre les frontières des retenues.
De l'autre côté du mystère, qui sait qui sait ce qui y réside, une vérité, un autre paradis. Et peut être une compréhension du temps qui file.
L'héautontimorouménos
Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,
Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !
Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?
Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
Je suis de mon coeur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,
Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !
Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?
Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
Je suis de mon coeur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !
Charles Baudelaire
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire