Parfois c'est un bar, parfois c'est un trottoir, un bord de trottoir, une entrée de bel immeuble, de maisonnette ou un banc, d'amoureux, mousseux, sous un arbre tatoué forever!, une impasse dont le nom s'échappe ou tiens pourquoi pas, une entrée de cachette secrète. Et parfois c'est un bar. Et tout se jette là, en cavale des quotidiens qui défilent et des esprits occupés fébriles. Un joli petit abri pour âmes en retrouvailles. Le silence des à part, le calme des à coté et le reste si simple, si simple.
Un bel endroit que ce petit café, emportant sur son dos éméché le passé d'histoires invraisemblables aux drapeaux d'aventures urbaines de conquêtes rocambolesques ou de panaches locaux. Des portraits vivants, agrippés au comptoir tanguant, abreuvent le patron de confidences livresques.
Et puis un furtif coin du coin de ce coin. Anodin monde détaché, protégé. Une minuscule évasion immobile où tout se dit où tout se donne. Sans précipitation, hors temps et hors champ. Si discret. Comme une caresse d'un vent qui ne se dépêche.
Mais on dirait bien que déjà cela bascule. Ce n'est pas ici ce n'est pas là. Rien ne pourrait dire ce qui amarre encore ce banc de bistrot au reste du monde, Ça ballote léger et élégant comme une claquette qui flotte, comme une couette qui sifflote. Ce n'est plus ici ce n'est plus là. Déjà au delà, dans les sensations d'un monde singulier, aux lunes rousses et chaudes et aux temps gâtés.
Le bar ne se voit plus que de loin maintenant, devenu lilliputien dans ce coin aux coins qui s'étirent et s'épanouissent. Presque en silence. Peut être le vent d'une bise. Les yeux humides et les cœurs emballés. Au dessous file les mondes pressés et agités, les esprits vagues qui oublient de voguer dans les étendues charmeuses, qui ne se séduisent plus au gré de prunelles sans fins.
Le vol-soupir, les corps en l'air et le souffle d'un virage sur l'aile pour le plaisir de ressentir le désir qui se faufile. C'est palpable, la nouvelle dimension est une extra émotion, une terrible et joyeuse embobineuse à sentiments.
Et puis tout simplement, les portraits du trocson sonnent le tocsin, et les passagers d'un moment, d'une confession, d'un abandon, reprennent possession de l'attirail de leurs existences bien ordinaires. Rien de grave, bien au contraire. Mais quel doux voyage....
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