Saul Leiter*
Comme un rai de lumière au coin d'un salon endormi, une beauté discrète s'installe s'en va et transporte son charme aux allures inépuisables.
La si belle présence reste là, épinglé au creux du cœur, indélébile de naturel et scintillante de prodigalité. Oui. C'est une empreinte, un tatouage décidé à rester arrimé, une vérité qui ne pourra se décoller.
Quel est ce trouble qui flotte encore dans l'air flouté d'un passé qui passe comme un fantôme, comme une absence aussi ardente. La vie a déjà changé, c'est dans l'air, c'est dans ce regard porté sur le banal, si élégant si surprenant.
On aimerait revivre les instants qui s'inscrivent doucement dans l'émulsion cristallisée, on aimerait tellement ressentir encore ce temps, différent, plongé dans l'ambre d'un sourire à l'élégance d'une manière, d'un être à part. Tout un monde.
Le temps est si calme. La nudité d'une pensée non encore habillée de souvenirs emmêlés se donne l'éclatant et cru moment d'immortalité.
A contrecœur les mots glissent, et voilà l'esprit transparent comme une vitre, c'est vrai, il y pleure des images de vieux film super 8, une beauté secrète chantonne des airs aux couleurs de mémoire, sauvetage de sentiments qui ne se sont pas encore envolés, la mélodie des anciens vinyles et le grattement des minutes qui tournent. Envolés ? Bien sur que non. La vie des uns la vie des autres, ce partage cet amour, ne peut se terminer. Une immense pensée, télépathique et splendide, circule dans les furtives altitudes.
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