jeudi 28 février 2013
mercredi 27 février 2013
Soleil !
... au CCAM*. Comme quoi, en tous lieux et en hiver (!) bondit inattendu un peu d'été dans un fruit du hasard. Le bel imprévisible de la belle surprise.
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photo de çi et photos de là
mardi 26 février 2013
Corps et encore.
C'est Body Building* qui est en résidence au CCAM* avec pour objectif d'élargir le temps (+20 minutes) et l'idée. Peut être aussi la perspective.
Un spectacle n'est certes jamais fini ou est toujours en recherche d'un équilibre, d'une fluidité ou d'une présence la plus juste possible. Dans Body Building ce ne sont pourtant pas ici les parties improvisées qui sont remisent en expérimentation ni le tempo qui est ré-exploré, mais une seconde partie et une fin.
Mais inventer une fin c'est aussi infiltrer le début pour lui donner le suspens et les indices qui s'y cacheront.
Un spectacle finalement est aussi parfois une entourloupe joyeuse et complice. Jouer à jouer...
Rendez vous en novembre 2013 au CDN de Nancy*... juste après les îles chaudes et sensuelles de l'océan indien.
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body building
Transport. Sssssssssssssssssssssssssss....
cela s'écoute plein tube et dans le noir... surtout le coup des oreilles aux champs...
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michael pisaro
lundi 25 février 2013
Saperlipopette ! Où sont passés les saperlipoètes...
... ce blog prend le temps, ce blog prend le temps... c'est une respiration, un léger contre-temps... ce qui le rend bien présent et non un objet du semblant... alors, il se pourrait que parfois, les mots se fassent ici plus transparents, différemment excitants... on verra bien...
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le temps qui passe
What will you dream of tonight (bye bye Kevin Ayers, see you soon i hope).
Kevin Ayers, ex Soft Machine, crooner freelover, inventeur et volant sur Terre
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kevin ayers
dimanche 24 février 2013
De quoi.
De quoi ? Mais de rien, cela est si soudain que. Tiens, et le vent qui siffle aux fenêtres, c'est un arrêt de poésie, un simple plaisir qui prend le temps de saisir. Ce n'est rien ce n'est rien tout ceci et pourtant, parfois, on dirait toute l'envie.
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samedi 23 février 2013
Pof.
morceau de Dominique Delahoche
Bong.
Parfois, les défis débarquent au fond d'un mail (la veille pour Azéotropes de Loris Binot*). Ouh là. Le graphisme tempête.
Pas de panique...
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le temps qui passe,
loris binot 5tet
Et le rock ?
«Si la beauté, dont l’achèvement rejette l’animalité, est
passionnément désirée, c’est qu'en elle la possession introduit la
souillure animale. Elle est désirée pour la salir. Non pour elle-même,
mais pour la joie goûtée de la profaner», écrit Bataille dans l’Erotisme (1957).
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le temps qui passe
vendredi 22 février 2013
Les délicates a-pesanteurs d'une danse...
... sont de drôles de tours de
passe-passe. Alchimies et intuitions emmêlées pour déployer les
aventures impatientes. Amples courbures au dessus des contingences,
grands horizons éclairés, et transpercés.
toujours ce fameux cimetière de Staglieno
Les
corps et la danse ne sont pas qu'un geste, ils vont ainsi au delà des
gravités terrestres. C'est
peut être pour cela qu'il y à ce plaisir sensible et unique aux
laisser-aller des mouvements chaloupés ou brisées. Une invention de
légèreté, une dimension rétro-explorée et ce vent frais qui pourrait tout
emporter.
Aux danses partagées se fondent les corps accordées.
Aux danses partagées se fondent les corps accordées.
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le temps qui passe
Chimie.
Il y a de la chimie dans l'air il y a de la chimie par terre. L'effet phéromone des incitations à s'enflammer. "j'ai le comburant, ramène le carburant"... simple coordination des enthousiasmes corporels et au delà du physique. Le mystère.
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jeudi 21 février 2013
Pop.
le cimetière de Staglieno*
pop pop pop...
et des étoiles...
que veux tu dire ?
que parfois d'un geste d'un regard d'une idée en l'air d'un souffle d'une caresse ou d'un touché d'une baiser imaginé d'une humidité ... d'un sourire d'une complicité de rien de rien d'une noce fantasmé ou si peu un mouvement un tremblement ... une intuition une fusée télépathique comme ça juste comme ça invisible du visible sans retenue lumineux mais imperceptible, que parfois parfois parfois, tout ce renverse, un instant
ah bon ?
étonnant.
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le temps qui passe
mercredi 20 février 2013
Les perles anciennes.
Ça vient d'où, ça vient d'ici, du forum Vol à Voile*, endroit qui recueil tout un tas d'avis et de combats (parfois lassants parfois passionnants) et... et ces perles d'avant. On se rappel ces livres qui parlaient d'hygiène du vélivole (une douche avant le vol), et bien voilà le vent louvoyant, l'Empire de l'air et le manuel de l'aviateur-constructeur de 1910. C'est l'art d'y croire aux choses de l'air, un brin scientiste, un poil aventurier, certainement fondu de vol, surement conquérant en aérodyne. Et rempli d'humour involontaire (le meilleur).
"Nous prendrons donc le moineau comme type de la perfection du vol..." bien bien bien.
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vol à voile
mardi 19 février 2013
C'est pas si facile, parfois.
C'est pas si facile, parfois, d'être musicien. Équilibriste du rien et acrobate de silences tout transpercés. Ce n'est qu'un souffle un seul, appelé à être et ne pas rester et qui s'offre ce que le présent inspire. Une vie sans possessions, naviguant au gré des improvisations et des envies, un temps sans avenir, simplement déballé et tout dévoré.
C'est pas si facile, parfois, de ne voir que ce qui va disparaitre. Un état funambule d'acoustiques fantômes et de tremblements à la renverse. Essayer, ou simplement tenter, de toucher ces instants entiers et éphémères aux saveurs démultipliées, oser, ou simplement se jeter à projeter comme on peut l’inattendu et l'imprévisible beauté, et ne pas tomber.
Tout autour, la réalité rappel les bienheureux voltigeurs. Et c'est dans cette épaisseur qu'il faut croire et voler.
C'est pas si facile, parfois, de toujours trouver l'Amour nécessaire pour déshabiller le concret et toucher le cœur des grands espaces inventifs. Au travers de ce minuscule interstice on peut traverser les origines, mais c'est aussi un corps bien fugace qui s'échappe soudain et qui se tient au loin. Une mobilité à suivre, l'ondulation qui s'esquive.
C'est pas si facile à chaque moment d'imaginer le vide et d'explorer l'invisible, accroché à sa joie fragile, et immense, de traverser des étendues étendues et amoureuses, sons libres et brillants de plaisirs.
Tout autour, la réalité rappel les bienheureux voltigeurs. Et c'est dans cette épaisseur qu'il faut croire et voler.
C'est pas si facile, toujours, de croire à ce point le vibrant si peu, d'aimer à aimer et de voltiger dans les vérités de corps abandonnés parfumés des sons désirés. Qui le sait, ce doute, cette pesanteur qui empêche et aveugle les baisers enflammés ?
Tout autour, la réalité rappel les bienheureux voltigeurs. Et c'est dans cette épaisseur qu'il faut croire et voler.
Oui, mais il reste l'envie folle, l'étoile et l'ivresse des inutiles...
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lundi 18 février 2013
2012 DA14 n'est pas celui que l'on croit.
c'est celui qui monte de droite à gauche en diagonale...
vérification en couleur...
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Une étoile polaire.
"du fait de sa position quasiment confondue avec la direction de l'axe de rotation terrestre, toutes les autres étoiles du ciel paraissent tourner autour d'elle"
Accrochée permanente, l'étoile polaire c'est une belle fusée éclairante qui balance ses clins d'œil délicatement séduisants à qui veut bien regarder en l'air. La circumpolaire (qui chez nous vague près de la Petite Ourse*).
Joli fruit d'un hasard, pas étonnant qu'Antoine de St Exupery (...Vol de nuit) ne l'ait jamais quitté des yeux, cette merveille. Il y à comme cela des objets célestes habillés de polaire et aux pouvoirs féeriques sans limites.
Drôle d'aventure nyctalope que ce regard qui file au dessus des nuages par delà les espaces pour s'épingler à une lumière, petite reine des pin-up nocturnes.
Drôle d'aventure nyctalope que ce regard qui file au dessus des nuages par delà les espaces pour s'épingler à une lumière, petite reine des pin-up nocturnes.
Blanche de nature, c'est l'esprit libre et rêveur qui la rend, cette Venus, coloriée magnétique et, éblouissante.
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dimanche 17 février 2013
Au fait ! Il en est où, truc ?
Il en est là le machin. On eut pu l'oublier, mais non. Et il creuse. Il creuse. Des fois qu'il trouva un peu de vie sur la morne mais désirable planète morte, sur Mars. Curiosity forcément est là pour la curiosité, et l'humanité. On verra bien s'il trouve ce que l'on cherche, un peu de vivant, un peu de couleur. Il faut du temps pour dénicher les perles qui illuminent l'avenir. D u temps et de l'envie.
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Rock in opposition ! Vive RIO !
Art Bears*
RIO* donc ou l'émotion rebelle des ex d'Henry Cow*. Ce que les années 70 étaient pourvoyeuses et voyeuses dis donc. Tout est possible surtout ce qui n'a pas encore été fait. Youpi dis !
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samedi 16 février 2013
Sans titre, juste le plaisir.
photo de Dany Beath* - qui, après avoir tenté 7 fois le concours "Travel Photo of the Year" sans le gagner, gagna avec cette photo mais mourrut juste avant que l'on ne le lui annonça. la vie parfois...
Il y a des photos qui comptent plus que d'autres. On se rappel Ernst Haas et Saul Lieter bien sur, mais aussi parfois des images aux échos spectaculaires, remplies de coquelicots, de souvenirs non-contrôlés et d’inattendu imprévu. C'est l'extraordinaire des impressions et des histoires d'un coup de dé. Une photo de hasard comme de regard. Une photo qui n'a existé que par une rencontre et qui continu bien après à se distiller.
Des photographies chargées par ce qu'elles sont et par ce qu'elles évoquent en loucedé aux cœurs emballés.
Ce champ rouge décidément claque comme un éclair pour celui qui dit discret que la beauté peut renverser.
Des photographies chargées par ce qu'elles sont et par ce qu'elles évoquent en loucedé aux cœurs emballés.
Ce champ rouge décidément claque comme un éclair pour celui qui dit discret que la beauté peut renverser.
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vendredi 15 février 2013
2012 DA14 arrive.
2012 DA14
Le voilà donc, ce caillou de l'espace (50m de diamètre et 120 000 tonnes). Il fera coucou à 27 600 km de la Terre dans quelques heures... il y aura même un direct ici puisque l'on s'en amuse sachant qu'il nous loupe ce looser.
On en rigole on en rigole, mais. Malgré le fait que des collisions soient déjà arrivées (par exemple au Mexique* ou encore en 1908 en Sibérie* - et rappelons nous d'Apophis le 7 janvier 2013 que l'on peut visualiser du Pic du Midi ici), ce genre de visite rappel à tous le minuscule que pourrait être d'un coup l'humanité. Si peu si peu de temps.
En attendant, on s'impatiente des photos de la starlette.
Rendez-vous à 20h30 - au journal télévisé donc - pour le survol ras des
pâquerettes de cet objet venu du fond de l'espace et au-delà.
trajectoire à suivre en direct en cliquant sur l'image sans trembler
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Il nous faudrait un plus gros bateau...
Parfois on le sait, disons le, il nous faudrait un plus, un plus gros ci ou ça, un bateau, un truc une chose, on ne sait pas toujours mais toujours plus car oui c'est vrai ça on ne sait jamais ce qui pourrait bien arriver ; bref plus de plus c'est mieux. Disent-ils.
Ah oui voilà, l'envie d'au delà de ce que l'on a, l'au-delà, entre conquête des Amériques ou simple désir de ce que l'on ne connait pas ou plus de plus... pour craner. Qui sait.
Il nous faudrait un plus gros bateau... donc, et tutti et tutti, histoire de ne pas manquer de ce que l'on pourrait avoir. Le putatif potentiel fantasmé. Vouloir plus pour ne pas manquer de ce que l'on a pas.
Le sophisme (Dans l'emmental, il y a des trous. Plus il y a d'emmental, plus il y a de trous. Plus il y a de trous, moins il y a d'emmental. Donc plus il y a d'emmental, moins il y a d'emmental) nous amènerait à le croire.
Plus c'est plus même si l'on ne sait pas encore ce qui va nous manquer. A moins... à moins que les désirs d'avoir ne soient gouvernés que par le désir irrationnel de posséder par sentiment de pouvoir et de grandeur. Grandir par la quantité. Et laisser béton avec la qualité.
Sans jaboter politiquement correct, on peut quand même aussi se tourner vers ce qui est, sans se soucier de ce qui n'est pas encore. Histoire de voir. Et de savoir apprécier.
Mais alors, c'est vrai c'est vrai... parfois, il faut bien l'avouer, il manque ainsi soudain ce que l'on a pas, tout court. Sans plus mais tout de même - le sans avoir par le savoir.
Alors non, à part pour Les dents de la mer*, le plus n'est qu'une idée un poil vague, ou le manque qui se présente à loilpé.
drôle de billet... un peu paumé
Les dents de la mer
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jeudi 14 février 2013
La circonférence inventive des manques.
Accumuler les manques. Empiler des vides. Rencontrer ce qui va manquer, on le sait. Paradoxe des absences et des éclipses qui se mêlent au présent, rien de triste ou peut être une joie figée.
Il y a toujours une part de vide qui va compter après. Une part qui construit le creux d'un désir au creux des quotidiens. Une ouverture abandonnée un décollage toujours en cours un conte sans "fin" et en boucle comme un disque aux rayures inventant alors, différemment. Un jardin des loins créé par ce qui a disparu en réalité et qui occupe en féerie.
Rien de perdu mais l'inaccessible - futur inconnu - loopé et autrement exploré. Car il reste cette suspension, une frustration qui pousse sans cesse a imaginer à rêver à flotter à se laisser porter.
Il y a toujours une part de vide qui va compter après. Une part qui construit le creux d'un désir au creux des quotidiens. Une ouverture abandonnée un décollage toujours en cours un conte sans "fin" et en boucle comme un disque aux rayures inventant alors, différemment. Un jardin des loins créé par ce qui a disparu en réalité et qui occupe en féerie.
Rien de perdu mais l'inaccessible - futur inconnu - loopé et autrement exploré. Car il reste cette suspension, une frustration qui pousse sans cesse a imaginer à rêver à flotter à se laisser porter.
Il y à aussi un air joliment suranné qui vague et déambule au fil des idées. Et l'ambre qui se cambre, sempiternel été, comme une école buissonnière.
L'imparfait du temps est aussi un imparfait des sens et une île refuge au cœur des journées. Paradoxe, encore, mais vivant.
Nuit de Chine, nuit câline, à voyager sans se soucier, à aimer les tribulations inventées, à savourer les nudités d'histoires jamais terminées et ainsi poussées a voler.
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Bois, cuivres & percussions.
L'Eclectic Percussions Orchestra de Guy Constant et ses bois & cuivres invités...
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EPO
mercredi 13 février 2013
...
Ça part de la Terre, puis ça s'envole en l'air, les idées les souhaits les pensées, et le poème des choses soupirées. C'est bien distincte puis sans frontière, léger comme si de rien n'était, lumineux comme l'envie, on dirait même abandonné d'en gouter. Il n'y à rien qui ne fait s'envoler si ce n'est de toucher une tendresse, clin d'œil au dessus des pierres figées.
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mardi 12 février 2013
1001.
Il y a milles et une façons de faire exister. Envies et dévoilements de ce qui est, discret et à peine perceptible. Une manière d'aimer ce qui ne s'offre qu'au regard donné. Un regard. Le rien pour tant. Mais c'est lui qui ouvre aux milles et une sensations des confidences privilégiées. Un parfum, aussi...
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Super ! Une nouvelle nouvelle : à pleine bouche.
De toute sa hauteur, un mètre vingt-cinq à tout casser, l’enfant
observe. Il est intrigué. Avec les mouvements du bus, les corps des
adultes se déplacent légèrement et lui dégagent son champ de vision. Le
bus est bondé et c’est par intermittence qu’il peut voir les deux
filles. À quelques mètres. Les mains se tiennent se prennent se
convulsent, les regards s’égarent, les bouches s’entrouvrent et
tremblent un peu, s’approchent et se touchent. L’enfant a un sourire.
Elles sont très jeunes, seize dix-sept ans. Des lycéennes.
Les lèvres qui s’effleurent deviennent baiser à pleine bouche. Mélange
de fougue et de provocation. Et d’excitation aussi. Forcément. La brune
un peu ronde aux cheveux courts avec juste une mèche blonde qui descend
le long de l’épaule a l’arrogance d’une sortie récente de l’adolescence.
La blonde menue a l’air d’une petite chose fragile. La peau blanche
presque transparente est si fine qu’elle pourrait facilement craquer et
laisser échapper tout ce qu’elle contient.
Autour d’elles, on regarde de biais ou on fait l’indifférent.
Seul l’enfant insiste, sourcil froncé et œil curieux. La bouche un peu tordue et la paupière à demi-fermée il ausculte.
Dis maman, pourquoi les filles elles ?
Mais la mère ne laisse pas à l’enfant le temps de finir de poser sa
question. Elle est occupée. Ses yeux sont fixés sur l’écran de son
téléphone portable.
On dévisage pas les gens comme ça et on s’occupe de ses affaires
combien de fois faudra que j’te l’répète et puis tu vois bien que j’suis
au téléphone.
Le gamin n’insiste pas. Il n’est pas contrariant. Il pose des moitiés
de questions et n’attend que des non-réponses. Il sait que ses questions
agacent sa mère qui a bien autre chose à faire. On imagine que c’est
toujours comme ça, que l’enfant est curieux mais se débrouille tout
seul. Il poursuit son observation minutieuse.
À dire vrai, avec ses cheveux longs blonds comme un ange, ce garçon
pourrait très bien être une petite fille. Parfois, dans les magasins,
quand sa mère l’emmène faire des courses, on lui dit bonjour
mademoiselle. Non, non c’est un garçon répond la mère en riant fort.
Lui, il ne dit rien.
À côté de l’enfant, un petit monsieur un peu raide, avec un chapeau. Il
a l’air très sûr de lui. On pourrait croire qu’il envisage de répondre
lui-même à l’enfant. Il ne le connaît pas mais on voit bien qu’il
voudrait donner son avis. Sûrement il estime que la réponse de la mère
n’est pas suffisante. Ou que cette mère ne sait pas éduquer son enfant
correctement. Ou qu’elle pourrait quand même lui faire couper les
cheveux. Pourtant il se pince les lèvres et se tait et regarde ailleurs.
La dame élégante près de lui, qui est sûrement sa femme, a elle aussi
envie de dire quelque chose d’important. Et elle aussi garde ça pour
elle.
En fait personne ne prononce le moindre mot dans ce bus matinal. On a
bien entendu la demie-question posée par le gosse mais on ne tient pas à
donner son avis ni même à prendre parti. On est très serrés. On a un
peu trop chaud. On attend son arrêt. À travers les vitres on regarde le
plus loin possible. Dans les rues les gens se pressent. Il y a beaucoup
de monde sur le trottoir. C’est peut-être à cause des soldes. On s’égare
dans ses pensées. On pense à autre chose. Ou à rien.
L’enfant blond regarde toujours les deux lycéennes. Leurs langues qui
s’entremêlent l’intéresse particulièrement. La mère tire la main de
l’enfant.
Arrête de regarder comme ça je te dis ça se fait pas. Et puis c’est pas de ton âge.
L’enfant est docile, il dit oui maman, avec un sourire. Et du coin de l’œil continue à guetter les deux filles.
Elles se serrent dans les bras, l’une l’autre, accrochées par les yeux
par les mains. Autour d’elles le monde a disparu. L’ancien monde. Ou
bien il est subitement devenu calme. Ou même joli. Peut-être. Un monde
rêvé. Un monde nouveau. Un monde qu’elles viennent d’inventer. Un monde
plein de couleurs de soleil de sourires de portes ouvertes et de
fenêtres sans volets. Leurs corps se pressent l’un contre l’autre. Leurs
yeux s’enlacent et s’enfuient. Ça y est. Elles ne sont plus là.
On détourne le regard. On évite. On s’écarte légèrement. On tente de mettre de la distance.
On a envie de dire quelque chose mais on se retient.
Ce qu’on dirait, ce qu’on pourrait dire, ce qu’on voudrait dire, si on
savait comment le dire, si on trouvait la bonne formule, serait
certainement quelque chose d’important. Et on le dirait avec gravité. Et
avec force.
Mais on ne le dit pas, on regarde ailleurs, ou de biais, ou de travers,
on attend ce prochain arrêt qui n’arrive pas, on n’en pense pas moins.
Et on racontera tout ça ce soir à la maison.
Et les deux filles sont seules et nues et douces l’une contre l’autre,
seules au monde, des larmes dans les yeux à cause de ce bonheur. Un
bonheur inouï. Un bonheur unique. Un bonheur ailleurs. Un bonheur
stratosphérique. Un bonheur à elles. Un bonheur qu’on ne pourra pas leur
arracher.
Quelqu’un soupire bruyamment.
Un soupir. Juste ça. Un agacement.
Un soupir qui les fait redescendre dans ce monde-ci.
Alors la brune rembrasse la blonde à pleine bouche. Volontaire. Gourmande. Ostensible.
Et la blonde se serre un peu plus. Son regard croise celui de l’enfant
qui sourit. Son pied se lève et de sa jambe elle entoure les jambes de
la brune. Elles font corps.
De la foule entassée une main se lève. On ne sait pas à qui elle
appartient. On ne peut pas savoir. On est trop compressé. La main reste
en l’air quelques secondes. Puis s’abat sur la tête de la blonde
fragile. Qui vacille et tombe à genoux.
Un cri.
Le bus n’a pas l’air de vouloir s’arrêter. Pourtant on ne devrait plus
être loin de la prochaine station. Sur le trottoir, la foule déambule.
La brune s’agenouille près de sa copine qui n’a rien compris rien vu venir et n’a pas l’air dans son assiette.
Le bus ne s’arrête toujours pas. Il roule lentement.
Puis il freine. Brusquement. La foule se déplace comme un seul homme.
Quelqu’un marche sur la main de la blonde. Elle gémit. Il dit eh j’ai
pas fait exprès, c’est à cause de ce chauffeur à la con qui freine
n’importe comment.
Eh ben j’espère au moins que t’as pas marché dans une merde de chien
avant de monter dans le bus hahaha, répond quelqu’un d’autre.
Ah oui c’est sûr. Hahaha.
Et toi pourquoi tu pleures, dit la mère à l’enfant, c’est toi qui en as
pris une peut-être ? oui ? non ? alors arrête de pleurer s’il te plait
ou j’t’en colle une moi. Au moins tu sauras pourquoi tu pleures.
Enfin le bus s’arrête.
Les portes s’ouvrent.
Grouille-toi, dit la mère à l’enfant, on va encore être en retard.
Quelqu’un renifle. Ou bien sanglote. On ne sait pas qui. On ne veut savoir.
On se bouscule. On est pressés. On descend rapidos.
Les gens marchent sur les trottoirs. Ils ont les bras chargés de paquets.
La mère tient l’enfant par la main. Il a du mal à la suivre et regarde
derrière lui. Le bus redémarre. L’enfant tend le cou. Il voit la blonde
qui se relève. Et sa copine qui d’un doigt lui essuie la joue. Il fait
un petit signe de la main.
Le bus s’éloigne.
Tu traînes tu traînes tu traînes. Dit la mère.
Il voudrait bien lui poser encore une question.
Mais il se tait. Il la suit.
Et sourit.
Benoit Fourchard
publiée chez BAT
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lundi 11 février 2013
Qui sait sous les pierres.
Fontaine de Médicis - Jardin du Luxembourg*
Une mort annoncée ou un amour déclaré, un simple déjeuner sur l'herbe et sous un arbre ou un laisser aller, un après ou un avant, une douce nuit ou un soleil levant, une confidence ou un badinage, une amante ou... qui sait qui sait du mystère des pierres posées dans le jardin.
en fait : Galatée*, jeune bombe des mers ("plus
blanche que la feuille du troène, plus fleurie que les prés émaillés.
Sa taille est plus élancée que l'aulne; son sein a plus d'éclat que le
cristal"), dans les bras d'Acis*, berger joueur de pipeau et poète à ses heures, pendant que Polyphème*, big cyclope catcheur style BigShow*, jaloux, les regardent... avant de zigouiller le rigolo flatteur d'un jeté de bloc de l'Etna. L'époque était cruelle pour le bel Amour innocent des beaux amants coupables.
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