Ce n'est pas une habitude de ce coin de blog, mais la minuscule tournée "Filiamotsa Soufflants Rhode" se prépare (La Carène* de Brest le 1 décembre, Caen le 2 et Gerardmer le 3 à la MCL*).
Du coup... pourquoi ne pas fixer tout cela en direct ? Quatre jours de reportage perso perso perso à coup de smartphone, pour voir ! A vos marques !
La belle Éliane* et ses drones*, aux allures immenses et imperturbables. Passion de passionnée pour ces sons posés et reposés.
Certains y verront dar-dar un test auditif quand d'autres se laisseront aller à l'envoutement de ce mobile sonore dans l'immobile. Il faut, on doit, pour plonger dans cette émotion singulière, voler du temps et se laisser aller à l'apnée (au casque - ou dans le noir à volume 10, forcément, forcément).
Ici, l'auditeur est un acteur de son état, il ne peut juste attendre de suivre ce qui va lui être raconté mais doit se préparer à être saisi. Et alors, de ci, de là, apparaissent milles détails fantastiques et innattendus. La musique des drones est un espace acoustique contemplatif qui révèle sans le crier sur tous les toits un paysage enveloppé d'une voute de curiosités. Voilà le temps de l'écoute étoilé.
Facilement, hophophop, en volant, en jouant, sans se soucier du lendemain, au dessus des pesanteurs, traversant les paysages aériens, soufflé par l'invisible enchantement, version diurne et version nocturne, un soleil peut être et parfois une Lune.
Il y à de drôles de parallèles qui se rejoignent dans les airs chantés et dans les airs explorés, comme une circulations des idées au cœur de ce qui ne peut se voir - et qui porte et qui porte et qui porte.
L'atmosphère des envies et ce trouble d'un laisser aller à se déployer, dans un virage sur l'aile ou dans l'entre filet d'un son qui se soulève, léger léger léger. Voler, souffler, même affaire !
création de Désidéria* - en cours pour les 10, 11, 12 et 13 janvier 2012
Il reste de ci de là quelques découvertes à faire. Mais oui, mais si. Les inventeurs, les révolutionnaires, les équilibristes des frontières et de l'entre-deux, c'est ici, c'est à cet instant, au moment où tout bascule - en laissant tomber ce à quoi l'on croyait pour un inconnu lumineux et plus vaste, plus juste. Peut être.
Personne ne sait ce que cela va donner, mais cette conviction dans le simple plaisir de faire et les trouvailles sonores liées aux dernières inventions donnent des ailes et des libertés sans réticences. Qu'importe alors le code ou la reconnaissance, il s'agit bien d'une émotion de l’inouï.
L'unique de l'unique.
"Silver Apples"*, le duo, avait un "The Simeon"*, un BuchlaModular Electronic Music System, un proto-synthétiseur (9 audio oscillateurs et 86 potentiomètre), un truc qui n'existait pas encore, et voilà toute la différence - plus le reste. Et le reste, ce sont des chansons mêlant musique électronique, folk, boucles rythmiques, ambiances dissonantes, minimalisme, pré-krautrock bien sur, et audace de rue*, puisque décidément les vrais Apple naissent toutes dans des garages.
C'est l'amour qui fait vivre. L'amour d'une belle, d'une chose, d'une idée, ce mouvement à l’inaliénable beauté. Comburant à carburant ou quoique ce soit. Les cosmonautes de la pensée font le plein d'ivresse, histoire de voler, histoire de danser.
Au dessus des ciels voilés, c'est parfois une lune, et parfois, ces couleurs orangées qui viennent tutoyer l'inaccessible et le désir de toucher - un coucher de soleil.
Pour simplifier ou pour se perdre dans une irraison de vivre. Et courir. Traverser les champs de ce qui se prédit et de se que l'on dit, puis dévoiler, déshabiller, décoller ce qui peut encore retenir, d'embrasser de raconter et de sourire.
Un son traine encore de son mystère le long des souvenirs d'une infinité. On dirait une ombre, mais il vibre d'une vérité qui ne fait que témoigner de son éternité, passé.
Ce sont les dernières, les framboises de fin novembre, les belles, les résistantes. Et parce-qu’elles sont inattendues et précieuses, les voilà encore et pour toujours délicieuses.
Unique par leur rareté, roborative par leur fraicheur de frimas frappée, Walhalla intense habillé de charmes et de courbes colorées, elles ressemblent à un conte de fée, détaché de tout ce qui pourrait éloigner des plaisirs et de si belles Lunes.
Les framboises de novembre font fi des avanies bien sur et n'ont pas un iota de frime mais elle laissent dans le sillage de leur parfum fameux le souvenir d'une moue aux allures sans pareils.
Ce sont des petits bouts, racés de rondeurs, bombés de sensualité - et parfois un peu frondeurs. Cela vient de la manière de se dévoiler, peut être, ou de cette science si mystérieuse de s'habiller.
Le beau fruit est discret, mais extraordinaire.
Ce ne sont pas des roadster, des hot rod du palais, mais plus surement l'immense élégance d'une saveur particulière qui marque à jamais.
Les framboises de novembre sont celles que l'on aimerait garder mais qui ne font que passer. Remplies de promesses pour l'été, splendides de beautés, les voici prêtes à se libérer sur le bout de lèvres alléchées ou dans un intérieur déjà bien tourneboulé.
Quelle chance quelle émotion soudain d'en dénicher, ici, en Lorraine, au pays des mirabelles !
"Could
it be ? Yes, it could. Something's coming, something good, if I can wait
! Something's coming, i don't know what it is, but it is gonna be great
!" (West Side Story)*
Rendez-vous demain soir, vendredi 25 novembre au CDN de Nancy* pour le festival RING*.
On y retrouvera Orphée, Body Building, Sous le Jupon et Au plaisir d'offrir de la Cie La Soupe - bref tout le bataclan, et cela dès 19h.
Juste avant la musique, au milieu d'un silence et de ce moment soudain d'épaisseur. 4:22, la nuit, la belle insomnie. C'est celle qui étreint et qui réveil, pour faire venir l'envie de ne plus être dans le fil des journées pareilles.
Nul mouvement, et se rendre compte de l'essentiel mouvement - de l'autre côté, comme une intimité.
Mobilis in mobile.
Et john Cage qui compose le silence avec gourmandise et conviction... Il y a aussi de la nuit dans sa belle idée, le qui-vive créatif et son envie irrésolue de toucher l'état permanent du son.
La présence le soir, au milieu des fébrilités figées donne la mesure du temps qui passe, cette intensité que personne ne peut sentir avant de s'arrêter un moment, en équilibre.
Alors l'insomnie. La nuit. Est une manière, comme dans la vie, de ne pas rester endormi.
Lundi 21 mardi 22, novembre. Résidence
"Desideria" et raccords "Orphée" les soirs, "Azéotrope" de Loris Binot
le matin et "Desideria" l'après-midi, puis "Orphée" x2 et "Body
Building" x1 vendredi 25 à la queue leu leu pour RING au CDN après les montages & les raccords du matin, Lyon le 26, retour
Nancy 27, "Desideria" lundi 28 mardi 29 novembre, et raccords "Filiamotsa Soufflants Rhode" les soirs, enfin, "Desidéria" mercredi 30 jusque 15h et voie ferré dès 16h12 pour Le Mans où se joue Filiamotsa
le soir (10 minutes de sound check, pas de problème), puis tournée
Filiamotsa le 1 décembre à La Carène de Brest, le 2 à Caen et le 3 à Gerardmer
tout en pensant travailler les partitions de la résidence "Azéotrope"
qui commence juste après pour une semaine, qui elle, se termine par
Filiamotsa à Reims (2 heures de voiture en quittant à 19h, c'est
jouable) puis le lendemain 10 décembre au Petit Bazar de Nancy, avant
d'attaquer une semaine de résidence "Body Building" et une semaine de
"Desidéria"...
Okay okay okay... le flou des jours qui filent à vitesse "V".
Pour les non effrénés cela n'a pas d’intérêt. C'est vrai, voilà encore du plaisir sacrément tarabiscoté.
La chose, l'affaire, le sujet, la désirée et l'adrénaline du temps qui s'étire s'étire s'étire, jusqu'au point limite. Parlons-en de celui là. Le point limite, que l'on ne connait qu'au regard du trop tard ou du juste à temps. Toujours après.
Jouer avec l'équilibre c'est se rendre compte de ce qui fait le sel des amours et l'amour du sel. Batifolage des extrêmes pour dévorer le vivant dans son audace et sa rareté. L’exotisme de l'incompréhensible, mais tout est là tout est là ! Dans cette extrémité, bord érotique, le seuil des lèvres ourlées de fugacités. Caresser le point limite. Et rester ainsi suspendu sans savoir de quel côté l'on pourrait bien culbuter.
Voilà ! Le point limite c'est un truc de passionnés de ce qui pourrait arriver, une spécificité de non initiés - et l'instant précieux avant d'embrasser ! Là où tout peut encore se jouer, on ne sait pas, on ne sait jamais. Ce vacillant brulant. L'ombre lumineuse et élégante d'une terrible vérité, la totalité enflammée - l’instantané d'émotion, et la poésie éclatante.
Alors ouioui, il faut rester des non initiés ! Aimer ne pas savoir ce qui va arriver et s'amuser à fricoter avec la frontière des bascules, des dangers délicieux. Et si l'on connait, aller plus loin.
Le plaisir, le savoir inconnu et ce saisissement qui peut débouler, d'un coup, juste à côté.
exemple pratique.
il est bas il est bas il est bas, c'est loin c'est long, c'est pas gagné c'est juste au bord...
et, voilà la sensation limite, cet incroyable sentiment d'exister.
Il y a quelque chose de merveilleux dans le royaume du Danemark. Entre sons mystiques et Shakespeariens (si tant est que cela existe), la musique concrète, électronique et électro-acoustique des filles (si tant est quelle ait un genre) offre de quoi décoller.
Et, parfois, le silence, qui l'isole, et lui donne, ce qu'il faut, de transparence, pour pouvoir laisser, aller, la pensée, qui, ne pouvait pas, s'envoler. L’insoupçonnée...
Temps, et silence, marchent, comme, des pairs, bel, équilibre, amoureux, aux présents, translucides. Irréels... peut être.
Il faut, on doit, donner, offrir, de la place, de l'espace, au rien, volant, pour dessiner, pour ressentir, en creux, au loin, ce qui, se faufile, ce qui, résiste, comme une esquif, dans le bruyant, hurlant. Résolument.
Profondément.
L'air ambiant... et prendre la mesure de l'aventure.
Une île attire d'elle.
Le vent, la portera, cette pensée, au delà, de l'instant, au delà, des tonitruants, pour un endroit, qui tremble, encore, de souvenirs, et des dernières, sensations.
C'est si émouvant, un truc de spécialistes, les amoureux de ce qui se passe sous les draps du visible. Bien sur on ne saura pas d'où vient ce qui fait danser les idées, mais on dirait un appel à toucher - et à partager le quotidien des sorciers.
Charlie qui fait des gammes, "when you are up there you go down...", dit truc, "no, no no no", répond l'oiseau, et voilà*.
On y cherche la raison présente ou la folie futur de ce que l'on déniche émerveillé dans le reste, l'improvisation, le moment M l'instant I le temps T, dans le truc le choc d'une recette de cuisine musicale qui bouleverse et qui, l'air de rien dans l'air, se révèle plus grande que tout ce qui s'imagine.
Et on convoque les esprits, les totems, les gri-gri les histoires, l'avenir et tout le bataclan et l'arrière ban pour enfin dévoiler la méthode, le modus vivendi, le procédé, la ficelle, la science qui fait que, qui fait ça, qui fait voler.
Mais ce ne sont que des gammes, mais ce ne sont que des notes, qui s'empilent et qui ne vivent pas encore, et qui attendent l'immensité de la magie. L'invisible est invincible.
Il ne reste plus qu'à bruler tout cela sur les planches, dans la vie, et là où la mélodie des inventions tenaces pourra se faufiler. Partout. Surtout !
Il y à l'harmonie, oui, le son, aussi, cet espace singulier et hors du commun, oui, détaché des réalités ouioui, et il y à au fond du fond ce désir sans fins et sans raisons de faire vibrer la nouveauté, l'envie et la joie d'être ici.
Tous les succédanés de Charlie Parker n'y pourront rien. Ceci n'est pas qu'un style, ceci n'est pas qu'un son un arpège ou on-ne-sait-quoi, ceci c'est tout un être, entier, en feu, sans limite et tout en jeu, qui décolle et qui illumine.
Feu follet des journées remplies d'utopies joyeuses, malgré le désespoir, malgré le savoir, malgré l'ivresse*, malgré tout.
What is this thing called love, tu sais, toi, Billy ?*
Le gâteau était énorme. Oui. Et il était là. Narquois. Au milieu d'un palais de glaces et de montagnes confites qui se battaient pour se faire une place. Mais encore fallait-il accoster ce rivage et partir à l'assaut du pays au mille confiseries.
Les yeux plus gros que le ventre, çà c'est bien le problème. Comment mais comment tout avaler ? Comment mais comment tout chiper, dévorer, déguster, terminer ? Et par où donc commencer ?
Les conquérants de l'inutile sont des gourmands. Besoin de croire que tout est là, besoin de voir que tout est en soi, dans ce geste, dans cette allure, ou dans le défi du pas gagné.
Et finalement qu'importe la réussite, c'est le besoin la soif l'appétit qui ne compte pas pour du beurre qui ne compte pas pour rien.
Alors, au fond du fond, tout se passe là. Vouloir, désirer, vivre le lendemain dans le présent - et illuminer les envies par l'émotion de ce qui se réalise.
Le beau geste.
L'élégance d'une réalité entière et présente. L'attitude d'altitude, ou vice-versa même, et retrouver ce qui fait en chaque être, le genre singulier.
La recherche de l'idéal résiste dans le micro détail, la poursuite de cette justesse qui ne se sacrifie pas au matériel mais trouve sa raison d'être au milieu du bel équilibre, suspension véritable - et l’impression de voler.
C'est aussi cela qui se niche dans le son d'une note, parfois. C'est bien cela, un bout de tout et l'onde du reste.
Au bout du bout du bout du Monde, l'éclat de ce qui fait aimer, la raison de vivre, aussi. Et lorsque l'on ne sait plus ou l'en en est, il reste ce minuscule point de vérité, indestructible, qui emporte les inutilités dans la merveille d'une larme rempli d'espoirs. Il est là il est là, le plaisir d'exister.
Mais le gâteau, énorme, était toujours là. Par quel face diable devait-on l'attaquer ?
"Seuls les esprits vulgaires oseront prétendre que "le travail" de
l’acrobate de cirque, dont chaque geste est monnayé, a plus de valeur
que l’effort du gymnaste qui, au risque de compromettre son avenir, sa
santé et même sa vie, consacre gratuitement le meilleur de lui-même à la recherche de l’idéal d’incroyable mérite qu’il s’est forgé.
Ma vie n’a été qu’une longue et délicate partie d’équilibre entre
l’action gratuite, par laquelle je poursuivais l’idéal de ma jeunesse,
et une sorte de prostitution honorable assurant mon pain quotidien.
Quel est l’esprit vulgaire qui osera prétendre que la prostitution utile
valait mieux que les exploits gratuits ?
En ce siècle où l’on a cent fois démontré que l’organisation rationnelle
permet de réduire dans d’immenses proportions le nombre d’hommes
nécessaires à chaque tâche, combien peuvent assurer être l’un des
rouages vraiment utiles à la grande machine du monde ?"